Critique de l'anime Amer Béton

» par Scalix le
30 Mars 2008
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L’animation japonaise est riche, très riche. Il existe tellement de studios, de scénaristes, de producteurs et autres chainons indispensables, qu’il est au final très difficile d’y voir clair dans tout ce petit monde. Mais au sein de cette véritable fourmilière s’est institutionnalisé une marginalité, un anticonformisme, un concept : le fameux Studio 4°C.

Et même si ces fous n’en sont pas à leur premier buzz cinématographique, la magie continue de prendre, avec l’excellent Amer Béton.

L’essentiel des œuvres produites par ce studio, peu importe les équipes travaillant dessus, traduisent un mot d’ordre, une ligne directrice aussi inamovible qu’originale : faire des univers et des ambiances des protagonistes à part entière, palliant l’essentiel du temps quelques lacunes scénaristiques. Et autant dans la plupart des cas, ce genre de parti-pris s’avère être catastrophique, autant avec le Studio 4°C, « c’est toujours un succès ».

Car il est évident, dès le premier coup d’œil, que l’on ne peut dissocier ce film du studio l’ayant conçu. Après avoir vu Mind Game, ou encore Comedy, on ne peut nier l’existence de « codes », de manières bien particulières de procéder, notamment au niveau de l’animation.

Ainsi, comme l’ont fait remarquer Starrynight et El Nounourso dans leurs critiques, on observe un character-design simple, et des décors surchargés de micro-détails. Cette antinomie ne fait pourtant pas tâche, car chaque style a son rôle. Le character-design peu marqué, caractéristique du studio, leur permet une fois de plus la création de personnages très expressifs, emprunt de personnalités fortes ; tandis que l’overdose visuelle que forment les décors crée toute l’ambiance, tout le style et même le ton du film. Le studio parvient à donner vie à Treasure Town, sorte de patchwork incohérent dont le mélange global, multicolore et au final multi-tout, devient esthétiquement fascinant. Les différentes formes, les différentes architectures et l’originalité stupéfiante que l’on retrouve à tous les coins de rue justifient à eux seuls le visionnage de ce film.

Les personnages et le scénario sont un peu en reste, face à ce visuel décoiffant, mais pas de panique, le pire a été évité.

Autant ne pas se voiler la face et dire franchement ce qui est, Amer Béton, sur un plan scénaristique, n’est ni plus ni moins qu’un énième anime manichéen, ou l’Homme se retrouve face au dilemme biblique que l’on ne connaît que trop bien : le choix entre le bien (Shiro) et le mal (Kuro).

Ainsi dans cette ville flashy et sinueuse, le trop-plein d’orphelins sauvages, de yakuza et de flics inefficaces entraine la disparition du bon, au profit du mal.

C’est ainsi que Kuro, jeune « Neko » de Treasure Town, violent et sans pitié, va faire, tel Luke Skywalker, son parcours initiatique au cours duquel il choisira sa voie. Son antinomie vivante, Shiro, sera l’élément pur, hermétique à la crasse gluante que forment les humains peuplant ce quartier.

L’apparition du Serpent et de ses trois gros bras violets n’est, selon moi, qu’une fantaisie visuelle rajoutée histoire de contribuer au côté « unique » du film. Après tout, c’est tout de même la marque de fabrique du Studio, il est tout à fait normal qu’il l’entretienne, et en plus ça plaît.

Côté sonore, rien de bien spécial à dire. Les musiques sont bonnes, même si l’envie de se procurer l’OST n’est pas vraiment là. Les doubleurs sont par contre très bons, et parviennent extrêmement bien à cerner les différentes personnalités qu’ils interprètent. Chapeau bas notamment aux doubleurs de Kuro et Neko, tous les deux complètement tarrés, mais très bien interprétés.

Alors que dire, au final, sur Amer Béton ? Eh bien il suffit de choisir son camp, pour nous aussi. Il y aura d’un côté l’éternel critique pragmatique, analysant étape par étape l’œuvre, la décortiquant sans pitié, brisant toute fantaisie et toute subjectivité. Dans ce cas là, la note peut difficilement dépasser le 7/10, du fait des grandes lacunes scénaristiques.

En revanche, de l’autre côté, il y a la critique subjective, condensé de ressenti pur, difficilement justifiable, mais relativement compréhensible. Pour le coup, je vais me placer pile entre les deux, et rendre un avis tout de même très positif. Amer Béton n’est pas une tuerie intellectuelle à laquelle on pense et repense des jours durant ; ce n’est pas non plus un scénario original ou palpitant. Ce film est tout simplement un excellent divertissement, bien rythmé et surtout, évidemment, prenant place dans une ville complètement délirante, avec des personnages complètement délirants et une ambiance comme on en voit trop peu. Alors oui, objectivement, ça ne mérite pas 9/10, mais subjectivement, ça ne mérite pas non plus 7/10. Alors il ne me reste plus qu’une solution, rester le cul entre deux chaises et vous laissez vous faire votre propre avis.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Scalix, inscrit depuis le 05/04/2004.
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