Critique de l'anime Green Green (TV)

» par Pharaoh le
07 Mai 2006
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Une série d'animation sur la mixité à l'école est une idée intéressante : débat de société qui n'a rien d'épicé et qui reste moderne. Une série d'animation à but comique sur le sujet n'a rien d'une mauvaise chose : la grivoiserie peut être le support d'une réflexion ou le moyen d'atteindre une certaine profondeur. Réaliser Green Green TV est un acte tout à fait louable : loisir pour les spectateurs, argent pour les producteurs. Mais quand la série se révèle une fanfare du rien, tout l'intéressant ou le louable éclate.

Dès la première approche, la bêtise est brandie comme un drapeau et une fierté : sous une mélodie niaise, on assiste à l'habillement des quelques personnages de la série, on goûte au dessin convenu, à l'animation fragile. Le visuel restera l'expression même de la fadeur : le trait n'a ni souffle ni force, et retranscrit mieux les ébahissements idiots que les tourments ; un personnage triste semblera grotesque. Et cette économie des visages a quelque chose d'une autre époque. Les décors sont indigents, les couleurs délavées ou mal assorties, l'ensemble sans charme. L'opulence des poitrines n'y fait rien.

L'animation a quelques sursauts, quelques légères démences, mais tout se fait trop absent : les plans tentent de manger quelques secondes en restant fixes, autant de yens économisés pour détailler les sous-vêtements, mais le subterfuge est grossier. Les plans de grandes foules inanimées dénoncent encore les maladresses. Il s'agit tout de même, dans la série, de l'aspect le plus honorable. La musique ne marque pas : quelques bouts d'une mélodie collées à l'infini, rendus larmoyants par un piano, ou quelque assemblage assourdissant, rien de plus.

Mais là n'est pas la "substantifique moëlle" de Green Green : toute la drôlerie gît dans les mêmes finesses, inefficaces dès le départ, mille fois répétées, et qui laissent l'histoire comme un corps émacié. La série vomit ses personnages hurlants et gesticulants, agaçants à force de hurler et de gesticuler, détestables par leur caractère et leurs actions, incapables d'étincelles et de pudeur. La psychologie des personnages s'apparente à une flaque de boue : une épaisseur stagnante, plaque pauvre abritant du vide.

Pourquoi donc Green Green est plus que médiocre ? Par sa prodigieuse invention de "bête", sa terrible familiarité à remuer le malsain et à s'y complaire, sa capacité puissante à produire de l'affligeant. Plus qu'un défilé de sous-vêtements et de pantins fatiguants, la série peut devenir dérangeante : notamment cette scène où nos héros, au zénith de leur éclat, veulent imprimer la forme des seins d'une de leurs proies. L'un haut perché va "pêcher" son habit, les deux autres seront à l'affût pour appuyer un carton plein d'encre sur son corps nu : appréciez donc l'un des gags les plus hilarants, évoquant le viol comme force comique.

Autre aperçu, plus joli peut-être : la séquence où nos trois maîtres sont enfermés dans une salle surchauffée. Ils s'enlacent, dans la sueur et la salive, sombrent dans des hallucinations héroïques. On découvre un soin rigoureux de répugner, un art du détail écoeurant, poésie rehaussée par quelques arpents d'inceste.

L'industrie du laid et de l'obscène a trouvé sa plus flamboyante usine ; DearS a trouvé son maître. Détraqués, voilà votre chef-d'oeuvre : prosternez-vous.

Verdict :1/10
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A propos de l'auteur

Pharaoh, inscrit depuis le 20/06/2004.
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