Critique de l'anime Millennium Actress

» par Starrynight le
12 Avril 2007
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Dans Millenium Actress, Satoshi Kon brosse un portrait à la fois tendre et admiratif de la vie d’une actrice de cinéma, en mélangeant les souvenirs émus de celle-ci avec ceux du journaliste qui l’interviewe et avec une vaste rétrospective de sa carrière au cinéma. L’artiste en question est présentée comme une actrice du millénaire (d’où le titre du film) pour plusieurs raisons : tout d’abord, elle se prénomme Chiyoko ce qui signifie littéralement « enfant de mille ans » ou « enfant millénaire », ensuite une malédiction semble jetée sur ses sentiments amoureux pendant une période de mille ans, enfin, tant par l’ensemble des événements historiques qu’elle a vécus au cours de sa longue existence que par la période temporelle couverte par tous ses rôles en tant qu’actrice, elle pourrait effectivement avoir vécu mille ans. Peut-être plus que dans ses autres films, le réalisateur a ici soigné le personnage principal. Il sait nous rendre Chiyoko attachante par son regard perçant mais un peu triste et son caractère que l’on retrouve chez elle à chaque période de sa vie.

Le film tourne autour d’une clef ; celle-ci ouvre l’accès aux souvenirs refoulés de Chiyoko Fujiwara : les rôles qu’elle a joués, son amour impossible pour un inconnu rencontré par hasard et qui lui échappe toujours lorsqu’elle croit l’avoir retrouvé, et plus généralement les événements qui ont marqué sa vie. L’existence de l’actrice a été une longue course éperdue : que ce soit au cinéma ou dans la vraie vie, elle a sans cesse poursuivi celui dont elle était tombée amoureuse. Car, le réalisateur se plait à entremêler souvenirs, rêves et réalités jusqu’à ce qu’ils ne forment plus qu’un, si bien que souvent on ne sait plus si Chiyoko se souvient d’une époque passée, si elle rejoue un rôle ou si le journaliste s’imagine dans le rôle de celui qui sauvera la star. Témoin, ce début de film où l’actrice joue une astronaute qui décolle en fusée et où Satoshi Kon nous fait croire que le journaliste se met tellement dans la peau de celui qui donne la réplique qu’il croit ressentir les vibrations du décollage, avant que l’on ne s’aperçoive qu’il s’agit en fait un tremblement de terre. Les séismes sont d’ailleurs également un élément récurrent du film par la manière dont ils ont rythmé la vie de l’actrice.

Mais, Millenium Actress porte aussi sur le journaliste qui l’interroge : ce fan inconditionnel de Chiyoko qu’il admire depuis qu’il a fait sa rencontre aux studios et qui connaît par cœur chacun de ses films, à tel point qu’il peut sans peine se mettre dans la peau du rôle masculin donnant la réplique à l’actrice principale – ce qu’il ne se prive d’ailleurs pas de faire à nombreuses reprises, au grand dam du caméraman qui l’accompagne. On retrouve le même effet de double regard (celui de l’actrice et celui de son admirateur) que dans Perfect Blue, le précédent film de Satoshi Kon.

Ce film est aussi une réussite technique par la beauté des décors dessinés avec une précision minutieuse, par la qualité du chara-design et de l’animation. Enfin, la musique entraînante de Susumu Hirasawa, le compositeur fétiche du réalisateur, qui signe ici de très beaux morceaux, achève de nous entraîner aux côtés de Chiyoko dans sa course effrénée.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Starrynight, inscrit depuis le 18/06/2006.
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