Critique de l'anime Ponyo sur la Falaise

» par Starrynight le
17 Avril 2009
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J’attendais Ponyo au tournant pour plusieurs raisons : d’abord c’était papa Miyazaki qui avait repris la barre après des Contes de Terremer décevants menés par le fiston, ensuite j’en avais quasiment lu que des louanges depuis sa sortie au Japon, tandis que les premières images et l’écoute de la bande originale (et notamment l’affreuse chanson de fin) m’avaient fait craindre le pire. Certains donneront peut-être une autre raison : Ponyo serait le dernier film réalisé par Hayao Miyazaki. Cependant, comme c’était aussi le cas successivement de Mononoke, de Chihiro et du Château Ambulant, je me permets de prendre cette assertion avec de grosses pincettes.

Hier soir, dans une salle obscure, projection en VOST : le moment de vérité. Bonne nouvelle : le film n’est pas aussi tarte que je ne le pensais et j’ai globalement passé un bon moment devant lui. Dès le tout début, on reconnaît la patte du studio Ghibli : tout foisonne et grouille de vie, chaque élément a sa spécificité, sa forme, sa couleur, son mouvement propre. Quant au dessin lui-même, si j’ai pu apprécier l’utilisation exclusive de 2D, je lui trouve moins de précision et de charme que les autres productions, y compris celles également destinées à un public plus jeune (Totoro et Kiki en tête). Néanmoins, certains plans nous rappellent qu’on est bien devant un Miyazaki, comme le détail apporté à la coque du cargo remorqué en cale sèche.

Au gré des scènes et des situations, on retrouve des éléments des autres films du réalisateur : le visage du père de Ponyo qui ressemble beaucoup à celui de Hauru, un tunnel obscur à traverser, comme un rite de passage ou une passerelle entre deux mondes, tel celui dans Chihiro, une ville noyée sous l’eau comme dans le Château dans le Ciel. De son côté, Lisa, la mère de Sôsuke, entonne un joyeux « je vais bien » sur l’air de l’opening de Totoro (rappelez vous du « arukô, arukô, watashi ha genki »). Au rayon thématiques, on retrouve en tête de gondole, quelques thèmes habituels comme la détérioration de l’environnement par les hommes (ici traité avec de gros sabots mais, heureusement, ça ne dure pas longtemps) et le motif de l’île, même si Ponyo reste pauvre à ce niveau. On notera au passage que Ponyo est le 3e film de Miyazaki à nous emmener dans un Japon à peu près contemporain, après Totoro et Chihiro.

Côté scénario, Ponyo flirte malheureusement avec le Château Ambulant en proposant une histoire un peu décousue (bien qu’un peu moins quand même que le périple de Sophie) mais surtout sans véritable enjeu. Il n’y a ainsi pas vraiment de défi ou d’obstacle et le « méchant » ne l’est que deux minutes chrono (on reste d’ailleurs bien sur notre faim quant à ses projets de destruction de la race humaine) ; les parents de Sôsuke ne sont jamais vraiment en danger (encore que, quand on voit sa mère conduire …), Ponyo fait à peu près ce qu’elle veut et personne ne l’en empêche bien longtemps. Finalement, la « quête » la plus longue devient celle des deux enfants partis en bateau à la recherche de la mère de Sôsuke, ce qui n’est pas sans rappeler Satsuki qui tente de retrouver sa sœur dans Totoro.

Côté personnages, les humaines sont plutôt bien croqués (la mère de Sôsuke et la petite vieille râleuse et un peu rebelle notamment), mais je suis déçu par les parents de Ponyo. Papa, espèce de savant fou grandiloquent, n’a pas beaucoup de suite dans les idées et manque de présence et de caractère, tandis que maman semble tout droit sortie de Candy avec des cheveux barbe à papa, mâtinée de Marie dans le manga La Musique de Marie.

Quant à la musique, elle se révèle également décevante et sans âme, mis à part quelques morceaux qui viennent relever le niveau. Je pense notamment à la musique martiale et entraînante qui accompagne la file des bateaux après le tsunami. En revanche, la musique de fin est des plus gamines et ne vaut vraiment pas tripette (ah j’ai déjà dit que je n’aimais pas cette chanson ?). Je ne comprends toujours pas pourquoi elle a eu autant de succès au Japon.

Moins gnan-gnan et cul-cul la praline qu’il ne pouvait le laisser penser, Ponyo sur la falaise s’inscrit hélas dans la lignée des dernières productions du studio Ghibli, nettement en-dessous de la qualité à laquelle il nous avait habitués. Monsieur Miyazaki (père) devrait peut-être sérieusement songer à prendre une retraite bien méritée.

Verdict :5/10
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A propos de l'auteur

Starrynight, inscrit depuis le 18/06/2006.
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