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Angoulême : 50 ans avec Riichirō Inagaki

Publié le 29/01/2023 par dans Culture - aucun commentaire

Ce dimanche 29 janvier se termine la 50ème édition du Festival International de la BD d’Angoulême. C’était une nouvelle fois l’occasion de rencontrer des personnalités du milieu du manga, comme cela a notamment été le cas par la présence de Ryōichi Ikegami, Junji Itô et Riichirō Inagaki.

Dans cette même logique, trois dessinateurs ont été mis à l’honneur à travers trois expositions distinctes : Junji Itô à l’Espace Franquin, que nous avions déjà rencontré en 2015, Ryōichi Ikegami au Musée d’Angoulême et Hajime Isayama dans le cadre d’une expo hors-norme sur l’Attaque des Titans, uniquement sur réservation et déjà complète bien avant la date, malgré le supplément.

Junji Itô Collection

Junji Itô Collection

Nous avons choisi de revenir sur la rencontre avec Riichirō Inagaki, à laquelle nous avons pu assister, dont vous trouverez la retranscription ci-dessous. Toute photo étant strictement interdite pendant l’interview, nous vous mettons tout de même une image de la scène … vide. Bonne lecture !


En guise d’introduction, Riichirō Inagaki nous parle de son enfance, où le fait de lire des mangas hebdomadaires faisait vraiment partie de sa culture, et principalement Dragon Ball, puis Sanctuary lorsqu’il était au collège. Ses héros étaient alors Ikegami Ryoichi, Toriyama Akira ou encore Inoue Takehiko. C’est très vite devenu logique pour lui d’en faire son métier, même si cela n’était pas du goût de tout le monde dans sa famille, et jamais il n’aurait pensé pouvoir un jour travailler avec Ikegami Ryoichi, comme il le fait aujourd’hui. Le hasard fait souvent bien les choses, comme c’est le cas de sa collaboration avec Murata Yûsuke pour Eyeshield 21. Inagaki a simplement envoyé son histoire dans le cadre d’un concours, qu’il a remporté, mais il fallait ensuite créer un second concours pour le dessinateur, remporté par Murata.

Bien qu’il soit scénariste, il a commencé en tant que dessinateur car il fallait bien pouvoir montrer ses idées aux éditeurs. Ils ont d’ailleurs très vite trouvé que son coup de crayon était bon et ont apprécié le fait qu’il sache faire les deux. Il se souvient d’ailleurs de sa première histoire, une boucle temporelle à briser, ce qu’il rapproche aisément de Dr. Stone maintenant. Il voulait d’ailleurs faire des seinen au départ, mais le succès d’Eyeshield 21 l’a poussé à reporter ce projet à plus tard, avec la parution en 2020 de Trillion Game.

Concernant ses œuvres, il nous explique dessiner le storyboard une fois le scénario en place, avec des croquis très simplifiés des personnages car il souhaite que le véritable design vienne du dessinateur. Cela occasionne d’ailleurs souvent des différences entre ce qu’il avait imaginé d’un personnage et ce qu’il en résulte une fois le dessinateur passé par là mais il l’accepte tout à fait car c’est ce qui est intéressant dans ce travail de binôme.

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Quand Eyeshield 21 est sorti en 2002, le manga a très vite réussi à se faire une place, malgré la concurrence déjà bien implantée. Il nous apprend d’ailleurs que le Shônen Jump faisait régulièrement des sondages auprès de ses lecteurs pour connaître leurs personnages préférés, sans jamais dévoiler à quiconque les résultats. Cela leur permettait de savoir sur quel cheval miser et Eyeshield 21 était assurément dans le haut du panier. Pour Inagaki, c’est avant tout en raison des personnages et non de l’environnement. Qu’on parle de handball, de guitare ou toute autre chose, ce n’est pas ça qui prime mais bien ce qu’il va pouvoir dire sur les personnages. Ce qu’ils aiment, ce qu’ils détestent, jusqu’où ils sont prêts à aller, mais également l’enjeu. Au sujet des idées de scénario, elles lui viennent de partout. Que cela soit de films, de jeux vidéo, de la vie de tous les jours … Il nous dit en avoir en stock des milliers mais que chacune attend la bonne occasion pour être utilisée.

Fan de Doraemon et des nouvelles technologies, Inagaki nous avoue toutefois qu’il n’y comprend rien du tout. Pour Dr. Stone, il est encadré d’une équipe de scientifiques qui sont là pour l’aider et vérifier ses théories, pour aussi lui expliquer les choses clairement pour qu’il puisse les rendre intéressantes sur le papier. Également interrogé sur la fin de Trillion Game qui est annoncée très rapidement dans le manga, il explique qu’il a voulu s’adapter à l’époque où tout va de plus en plus vite quant à la recherche de l’information. C’est pour lui encore plus intéressant de connaître le dénouement, mais sans savoir encore comment on y est parvenu. Il utilise d’ailleurs le binôme des deux personnages principaux pour se tempérer l’un autre : le premier cherchant toujours à aller au-delà de toute frustration et le second plus sensé quant à cela. Il avoue également avoir choisi d’utiliser le cadre des quartiers chauds de Tokyo en hommage à Ikegami car il avait envie de le mettre en avant avec d’autres manières que les scénaristes de l’époque, en y ajoutant plus de légèreté afin de créer un contraste et non refaire simplement la même chose.

Interrogé sur son avis sur le meilleur scénario jamais écrit, il cite Hunter x Hunter et plus particulièrement l’arc des Chimera Ants, pour ceux à qui ça parle. Il s’est depuis lors dit qu’il fallait qu’il le dépasse un jour : il ne sait pas si cela est le cas aujourd’hui alors il continue toujours dans cet objectif.

Au sujet des adaptations en anime, il aimerait que le manga Eyeshield 21 soit à nouveau adapté mais en tant qu’auteur il est vraiment impuissant car ce sont les studios qui décident. Mais comme nous fêtons bientôt les 21 ans de la série, il a bon espoir de pouvoir réserver une surprise aux fans …

En conclusion, Riichirō Inagaki nous rappelle que le Japon dans le monde des mangas manque de talents. Si vous êtes un super dessinateur ou si vous savez créer de bons personnages, il y a de la place pour vous. Le talent est plus valable à ses yeux dans ce domaine que dans un autre (comparativement aux seiyuu par exemple), où ce sont bien les meilleurs qui réussissent. Il y a toujours trois personnes qui lisent ce que vous envoyez à un éditeur. Chacune dit oui, non ou peut-être : un seul « peut-être » permet de passer à l’étape suivante. Il faut du talent et de la patience pour être publié mais cela reste accessible et il encourage ceux qui le souhaitent à tenter leur chance le plus possible.

Nous remercions Inagaki pour son intervention de près d’une heure trente, où il a fait preuve de beaucoup de bonhomie et de joie d’être présent à Angoulême cette année.

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Prenant de plus en plus d’ampleur au fil des ans, le FIBD commence à devenir trop petit face à la dimension qu’il peut aujourd’hui prendre. Le festival continue de s’adapter : là où quasiment tout était au centre-ville il y a une dizaine d’années, est maintenant disséminé aux quatre coins de la ville. Le Manga City s’est cette année doté d’une dépendance comprenant food trucks, skate parc et échoppes à goodies sans chauffage, mais nous nous sentons tout de même à l’étroit partout, quelle que soit la BD concernée. Les chiffres de la fréquentation de cette année ne sont pas encore tombés mais il n’est pas difficile de penser qu’Angoulême aura encore fait salle comble et qu’il faudra encore pousser les murs l’an prochain …

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