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Range Murata à Angoulême

Publié le 02/02/2009 par dans Chroniques - 8 commentaires

Le festival de cette année a été l’occasion de voir quatre artistes manga ou inspirés par ce support (sans compter Benjamin, en dédicace chez Xiao Pan) : Hiroshi Hirata, Junko Kawakami, Raf-chan, et, probablement le plus attendu parmi ces artistes, Range Murata, character designer de Last Exile, instigateur de FLAT et du projet ROBOT. Si nous n’avons malheureusement pas eu l’occasion d’assister à la masterclass de Murata, nous nous sommes rattrapés en assistant à sa performance graphique et en suivant son entretien avec Vatine. Disons-le tout de suite : il ne s’est pas dit grand-chose de passionnant lors de cette rencontre entre les deux artistes. Pour reprendre ce que disait Nicolas Penedo lors du débat de samedi, Range Murata, comme nombre de dessinateurs japonais, n’a pas beaucoup développé ses réponses, ou alors elles restaient très factuelles (date de tel projet, projets en cours, etc.). Par ailleurs l’artiste parlait très bas, bougeait peu, était masqué derrière des lunettes évoquant un casque intégral de moto, le tout surmonté d’un bonnet, si bien qu’à la sortie nous n’étions pas trop sûr d’avoir vraiment vu ou entendu le personnage. Cela ne l’empêche pas d’être très sympathique, de faire une ou deux blagues discrètes et de signer de très bonne grâce des autographes. Sébastien Langevin, qui animait cette rencontre, semblait malgré tout un peu déçu, et on le comprend… Les propos de Murata n’étaient pas traduits simultanément (ce qui était le cas pour les artistes anglophones, grâce à un casque), ce qui brisait le rythme et n’a pas vraiment permis à Vatine de dialoguer avec son collègue nippon. Nous allons tout de même essayer de résumer le tout.

Vatine a commencé par expliquer qu’il était avant tout en rapport avec la Chine, ses collaborations se faisant de plus en plus avec des artistes de ce pays. Adolescent, il s’est aperçu qu’il était possible de vivre de sa passion pour la BD en explorant des domaines voisins tels que le design, les jeux vidéo, les dessins animés, etc., tout en continuant à raconter des histoires dessinées. L’important pour lui est de toujours retrouver son intérêt d’enfant, de travailler « comme un gamin », peu importe qu’il travaille seul ou en équipe, l’idéal étant de varier régulièrement afin de ne pas se lasser. Murata a quant à lui précisé que ce n’était pas du tout la même tension lorsqu’on travaille seul ou en équipe, la plus grande différence entre les deux situations résidant dans la possibilité d’évoluer dans un monde personnel, ou dans l’obligation de se conformer à une vision différente de la sienne. Quoi qu’il en soit, a-t-il ajouté en blaguant à moitié, il préfère dormir. Les deux artistes semblent par ailleurs avoir des références similaires : Vatine a toujours aimé la SF, lire des livres de mécanique, d’aviation, bricoler. Murata, qui design à l’occasion des vêtements ou des objets divers, a quant à lui évoqué son intérêt pour Blade Runner, le Metropolis de Fritz Lang ou le Dune de Lynch. Sans oublier son intérêt à dessiner des scooters, exercice qu’il trouve difficile mais auquel il se plie volontiers car il apprécie particulièrement ce type de machine.

Concernant la question des scénarii, Vatine a de plus en plus tendance à s’impliquer dedans, alors qu’il privilégiait plutôt le dessin à l’origine. Selon lui, le dessin s’aborde de façon organique, tandis qu’écrire un scénario nécessite de faire appel à une « boîte à outils ». C’est pour 9 Tigres (à paraître) qu’il a écrit son premier scénario. Parallèlement à cette activité il publie ses storyboard et ses sketchbook chez Comix Buro. Techniquement, il utilise régulièrement la palette graphique. C’est un point qu’il a en commun avec Range Murata, si ce n’est que ce dernier en fait son outil principal. Il commence par dessiner en noir et blanc, puis scanne et colorie le tout à la palette graphique. Murata a de même précisé qu’il a dessiné pendant dix ans sur du papier avant d’essayer cet outil : il pourrait très bien dessiner intégralement selon ce procédé, mais les habitudes ont la vie dure, et il ne parvient pas à se résoudre à abandonner totalement le support papier. La plupart des jeunes dessinateurs l’ont pourtant fait depuis longtemps.

Interrogé sur l’intérêt qu’il éprouve pour la Chine, Vatine a expliqué qu’en 2003 son artbook Pink Planet était paru à Pékin, ce qui lui avait valu d’être invité là-bas le temps d’un festival. Il a eu l’occasion d’y rencontrer des gens doués, aussi y retourne-t-il régulièrement, tandis que son prochain storyboard à paraître s’intitule, non sans humour, Le Petit livre rouge (du storyboard). Et de préciser qu’il s’intéresse aussi au Japon, qu’il possède d’ailleurs des jouets dont le design est de Murata, et qu’il apprécie Last Exile et Blue Submarine N°6. Pour sa part, Murata a peu lu de BD françaises, pour la bonne raison qu’on en trouve peu au Japon ; il a d’ailleurs été très surpris de voir le nombre de BD qu’il y avait à Angoulême. Interrogé sur le travail qu’il a effectué en matière d’animation, il a précisé qu’il faisait avant tout du character design, même s’il a pu faire exceptionnellement le design du banshee (petit appareil volant) de Last Exile. On l’appelle d’ailleurs occasionnellement pour faire le design de vélos, ou pour donner réalité à certains accessoires et gadgets qu’il a pu créer dans ses dessins. A chaque fois la fabrication se réduit à un très petit nombre, aussi ne peut-on pas les trouver en France. Interrogé sur la tenue un peu exotique qu’il portait à ce moment, Murata a précisé en riant que, cette fois-ci, il n’était pas le designer de ses habits. Changeant de sujet, l’artiste en a profité pour interroger la salle sur le design des stations du métro parisien, car celles-ci lui semblaient parfois être passées entre les mains de divers artistes. L’assemblée lui a donc donné quelques exemples de stations de métro ayant été mises en valeur par divers artistes (Arts et Métiers, le métro toulousain, etc.). Au Japon, on ne demande pas aux artistes de faire ce genre de travail, ils ont moins d’occasion de toucher le grand public, et l’art reste très indépendant de l’art pop. Vatine lui a répondu qu’en France aussi, cela restait très cloisonné, avant de l’interroger sur ce qu’a pu lui apporter son expérience éditoriale sur ROBOT. Murata a simplement répondu que cela lui laissait moins de temps pour dessiner. Il travaille beaucoup avec des amis, aussi leur laisse-t-il un maximum de liberté. Il n’a pas un rapport d’autorité avec eux, chacun travaille selon son rythme. A l’origine, il les laissait libres de faire autant de pages qu’ils le désiraient pour le recueil. D’ailleurs, il ne peut pas vraiment leur courir après, sachant qu’il a lui-même du mal à tenir les délais. Et de toute façon, il ne collecte pas personnellement les planches. Curieux, Murata a alors retourné la situation en demandant à Vatine s’il existait des figurines faites à partir de son travail. Ce dernier en a profité pour inviter Murata à le suivre au stand en question afin de les lui montrer et de le présenter à ses amis…

Les questions posées par la salle ont été assez diverses. Murata a pu préciser à cette occasion qu’il appréciait beaucoup Prison Break (« j’aime bien les beaux gars »), Amer Béton (le film), et tous les travaux du Studio 4°C, notamment Genius Party. Niveau jeu vidéo, il n’a pas le temps de s’y intéresser, il ne possède même pas de Playstation. Nous avons tenté de lui demander de définir un peu son rapport à l’érotisme dans son œuvre, mais il a répondu simplement en expliquant qu’il dessinait d’abord la personne nue avant de l’habiller, parce qu’autrement il avait du mal à publier le dessin… Dessiner des habits est pour lui quelque chose d’aisé, de ce fait il ajuste un peu la tenue du personnage pour que ce soit publiable. En général, on lui demande plutôt de dessiner des personnages féminins, c’est pour cela qu’ils se ressemblent tous plus ou moins. Au niveau du plaisir ressenti lorsqu’ils font du design, Vatine a dit très honnêtement que c’était avant tout pour gagner un peu d’argent qu’il le pratiquait. Murata, quant à lui, apprécie bien la chose, ce qui lui rend le travail agréable. Dans tous les cas, si ce qu’on lui propose de faire ne lui plaît pas, il refuse le projet. Enfin, nous avons tenté de savoir ce qu’il pensait du studio Gonzo actuellement, et s’il avait des projets pour ce studio (sous-entendu : pour relever la barre), mais il a répondu laconiquement qu’il venait de terminer Shangri-La, et que ce projet avait été assez dépaysant pour lui car l’univers développé est très différent de ceux dont il a l’habitude.

Certes, le débat était un peu décevant parce qu’on n’en a peut-être pas appris assez, mais on ne boude pas son plaisir quand on a l’occasion de voir des artistes de cette trempe. Très accessibles tous les deux, Vatine et Murata n’ont fait aucune difficulté pour signer un autographe sur le calepin un peu minable que nous leur tendions d’un air bête…

Nous en profitons pour vous présenter ci-dessous quelques photos de la performance graphique qui a suivi la rencontre. Nous avons eu droit à un dessin rapide d’une 2CV (passage obligé), avant d’assister à la création, nettement plus longue, d’un personnage apparemment tiré de Shangri-La (?). Mathieu Pinon (Animeland) animait le tout pendant que Murata accomplissait son travail, avec parfois quelques petites difficultés, sachant que la palette graphique utilisée n’était pas la même que la sienne, et que la langue par défaut du logiciel n’était pas la bonne.

8 commentaires

J'ai l'impression qu'elle est coupée la première photo! (Et dire que tes cheveux ont touché son bonnet O_O')

Tout comme la rencontre Murata/Vatine, la performance graphique manquait aussi de dynamisme. En tout cas, on ne pourra pas dire que Murata n'a pas fait la démonstration de son sens du détail.
heu oui... Les gens s'en moquent de mon visage, hélas...
Salut, je cherchais des réactions sur Range Murata à Angoulême et suis tombé sur la tienne.
Je suis moi aussi allé au festival de la BD samedi et dimanche, et j'avoue que j'ai été énormément déçu par le bonhomme:
- samedi, je vais à la séance de dédicace en avance, et j'apprends qu'il ne signera que pour ceux qui étaient là lors de la 1ère séance qui avait été annulée.
- le dimanche je ne vais pas chercher d'invitation pour le film de Miyazaki pour aller à la rencontre dessinée avec ce monsieur qui se déroule quasiment à la même heure... et encore une fois, le rendez vous a été annulé, l'information n'est communiquée qu'1 heure avant.

Bref, à la lecture de ton article et de ce que j'ai pu voir par moi même, c'est à dire rien, je trouve que son comportement montre un grand manque de respect envers ceux qui apprécient son travail.
Les annulations ne sont pas forcément de son ressort.

En tout cas, à l'EPITA, il était très abordable et assez convivial. Sans doute que c'est dû au cadre.
Effectivement, j'ai pu lui parler sans problème (en anglais) et la dédicace a été faite de très bon coeur. Mais à chaque fois qu'il avait fini, il partait se promener dans la ville. Et Vatine l'a aussi encouragé à voir d'autres stand.
Murata aurait-il fait le mur ?
:)
6 Iznogoud le 03/02/2009
Je confirme qu'il était très abordable à l'EPITA.

Les restrictions ne sont pas de son fait.

Je me souviens qu'il y avait quelqu'un avec lui qui notait tous les supports qu'il avait pu signer, par exemple (il doit y avoir un marché des autographes, faut croire).
7 QCTX le 12/02/2009
Watanuki > pour le dernier dessin de ton article, il s'agit d'une jeune fille que l'on peut observer dans l'un de ses nombreux (et somptueux) art-book. Le dessin est connu et la tenue ne me semble pas lié aux quelues rares images que l'on a pu voir de Shangri-là.

Iznogoud > Je te confirme qu'il existe un très gros marché de la dédicace et que celle de M. Murata ont une énorme valeur faciale. C'est ce qui explique la présence, à l'Epitanime, de "quelqu'un" pour noter les noms des personnes se faisant offrir une dédicace.

Matt > En plus de te confirmer la grande disponibilité du monsieur lors de l'Epitanime et son gout pour les homme bien sappé (n'est-ce pas, Corsaire ?), il est plutôt du genre à vouloir profiter du salon comme n'importe quel visiteur ou presque, n'hésitant pas à s'arrêter pour prendre des photos de 3 lolis en cosplay Negima qui passaient sur scène juste à ce moment là.
merci pour la précision QCTX. Je me disais bien que ce dessin était trop connu...
(et qu'est-ce qu'une valeur faciale? Ce me donne envie de faire de mauvaises blagues...mais je m'abstiendrai pour le bien de tous)

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