Critique de l'anime Ghost in the Shell - Stand Alone Complex

» par Kyoshi le
03 Novembre 2010
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J'ai décidé de me lancer dans Ghost in the Shell : Stand Alone Complex avant de voir le film originel sur lequel la série est basée. Pourquoi ? Je ne le sais pas trop moi-même. C'est peut-être car j'avais trop peur des quinze ans qui me séparent du film, et je suis réticent à regarder les animes qui commencent à dater (tout simplement car dans certains cas, le fossé technique est trop grand). C'est donc avec un oeil non teinté par une expérience passée que j'ai visionné la série. Souvent acclamée en tant que "chef-d'oeuvre", je ne cache pas le fait que j'attendais beaucoup de Ghost in the Shell. Alors, qu'en est-il vraiment ? Mérite-t-elle vraiment un tel titre ?

Je ne vais pas vous laisser dans le suspens bien longtemps, et ma réponse est dithyrambique : OUI ! Oui, oui, et OUI ! Cette série est bel et bien à la hauteur de sa renommée. Tout d'abord, sur la forme. Certes, on sent bien que sept ans se sont écoulés depuis sa sortie. En effet, le trait est assez éloigné de la précision de ce qu'on a l'habitude de voir aujourd'hui. Cependant, il n'en est pas moins agréable. Ici, on lâche toutes les couleurs criardes que l'on retrouve trop souvent de nos jours. C'est terne, mais ça n'enlève rien au bonheur de la visualisation. En plus, les décors sont absolument sublimes (même si c'est plus vrai pour la deuxième saison). On les littéralement ébloui par certaines scènes, et on croirait plutôt avoir affaire à un film animé qu'à une série télévisée. L'animation est très fluide, même si encore une fois on ne joue pas dans la même catégorie que les derniers TTGL ou Star Driver (deux animes que je n'apprécie pas vraiment, d'ailleurs). Cela dit, l'action est toujours claire, et on perd jamais le fil des évènements (d'un point de vue visuel uniquement, je souligne). Un petit bémol vient peut-être de la présence de pas mal de plans fixes, mais qui à mon avis se révèlent plutôt bienvenus, ce que je clarifierai plus tard. De nombreux éléments 3D sont utilisés, et l'anime parvient très bien à éviter l'écueil qui consiste à les rendre trop séparés du reste de l'image. En effet, ils sont à mon avis bien intégrés, et ne représentent qu'un point positif de plus pour le visionnage. Le chara-design est lui-aussi soigné, mais surtout unique. N'importe quel otaku de base saurait reconnaître le major Kusanagi, même sans ayant vu la série, à mon avis (si ce n'est pas le cas, honte à lui). De plus, il est en parfait accord avec l'univers de la série (je pense notamment aux yeux de Batou et Borma), ce qui est vraiment appréciable, puisque cela facilite l'immersion. L'OST ne joue pas dans les tons mélancoliques d'un anime de romance. Loin de là. Ici, ce sont les beats électro qui prédominent, avec parfois la voix d'Origa, en Russe ou en Anglais. Elle représente parfaitement le monde de GitS, mais aussi colle généralement très bien à l'action. On se retrouve parfois même à être autant entraîné par la musique que par les images, ce qui est à mon avis un réussite formidable.

Passons au gros du boulot : le fond. Il est sans fond (haha), immense, infini. On nous plonge dès le premier épisode dans un monde inconnu. Ce n'est pas une entrée progressive, ni rien : on y va carrément, à pieds joints, la tête la première - comme vous voulez mais tout d'un coup. Et une fois qu'on est rentré, on n'en sort plus, évidemment. Ce n'est pas vraiment comme si on nous ouvrait une fenêtre vers un monde alternatif, mais plus comme si on faisait un saut temporel de quelques dizaines d'années. L'anime apporte un nombre incalculable de nouveaux concepts, et à partir de là, c'est kill or be killed. En effet, si on ne comprend pas ces nouveautés, on est perdu, on n'a même pas une chance de comprendre les enquêtes les plus simples, on ne saisit pas les enjeux de telle ou telle opération. Alors, peut-être que ça en rebutera certains, mais il faut être un peu persévérant, dans la vie. Alors, on se prête au jeu. On oublie qu'on n'est qu'un malheureux crétin assis devant son PC, et on entre en l'an 2032. A partir de là, on va de merveille en merveille. Ne pausant pas pour se demander comment telle ou telle machine extraordinaire fait pour exister, on accepte la réalité qu'on nous présente, on s'y habitue et on l'assimile. On devient un habitant de ce nouveau monde cybernétique. On joue avec les concepts qu'on nous propose, on les tourne, on va jusqu'à leurs limites pour comprendre les possibilités et les restrictions qu'imposent ce nouveau monde. Et alors là, on arrive à saisir l'ampleur de la création de Masamune Shirow, remise en scène par Kamiyama Kenji. On ressent l'étendue du génie de Kusanagi, et ça y est, on est perdu. Notre vie n'est plus régie que par cette figure unique du Major, femme parmi les femmes, intemporelle, rayonnant à travers l'œuvre qui ne peut plus la restreindre (je crois que je m'égare, là...).

Donc, je disais qu'on était plongé de manière infaillible (car nécessaire à la compréhension) dans cet univers unique. Tiens, au sujet de la compréhension, d'ailleurs: il y a certains passages complexes, il faut le dire. Ce ne sont pas les côtés philosophiques de l'oeuvre qui en sont l'origine, mais plutôt le fait qu'il faille du temps pour s'habituer à l'univers, et pour comprendre les interactions entre les nouveautés qui nous sont présentées. Il y a pleiiin des mots trèèèèès longs auxquels nous ne sommes pas vraiment accoutumés. Je dois avouer que bien que parlant couramment anglais, j'ai par moments dû revenir en arrière pour bien saisir certains passages pendant que je regardais la VOSTA. Cela dit, la lecture des sous-titres est souvent facilitée par la présence (parfois agaçante, je l'accorde), de plans fixes (ou presque), qui nous accordent un peu de temps pour assimiler les nouvelles informations.

C'est dit et c'est clair : on retrouve souvent des passages à portée philosophique. Les thèmes majeurs sont liées à la frontière homme/machine - à ce qu'est réellement le Ghost (discussion principalement menée par les Tachikoma), à la disparité entre l'esprit et le corps (d'où le titre : Ghost in the Shell) ou encore au maintien de l'individualité au sein d'une société (lié au titre de la série, Stand Alone Complex, qui représente un concept essentiel traité au cours des épisodes) . Cependant, ils ne se veulent pas incompréhensibles à l'image de certaines phrases issues de mon cours de philo, donc ne craignez rien. De plus, ils arrivent souvent vers les fins d'épisodes, et sont intimement liés avec l'histoire. C'est pour ça qu'on comprend souvent les concepts, les messages, sans avoir besoin des mots. Ces mots sont néanmoins d'une importance considérable, puisque c'est à travers ces phrases profondes mais relativement rares qu'on parvient à discerner le fond des personnages qui nous sont présentés.

Alors, on nous présente un bon nombre de personnages, qui malheureusement ne sont pas tous aussi développés que l'on l'aurait aimé. En effet, certains restent en retrait, comme Paz, Saito ou Borma, et on regrette qu'ils n'aient pas droit à leur histoire propre dans cette première saison. Cela dit, le travail sur les personnages traités ici est formidable. En effet, je vais me contredire, mais ça aurait été un sacrilège de retirer ne serait qu'une partie infime de celui pour le donner aux personnages 'oubliés'. Sous les projecteurs brille, et brillera toujours Kusanagi, mais l'anime ne s'arrête pas à elle. D'autres, comme Batou et Togusa, sont exceptionnellement intéressants. Batou de son côté est plutôt difficile à cerner : parfois brutal, parfois émotionnel, un des seuls membres qui fasse preuve d'humour. Il est étonnamment humain très agréable à suivre (tout du moins, à mon avis). Togusa ne possède pas le même charisme, mais jouit d'un character development considérable tout au long de la série. Autant la plupart des personnages n'évolue pas tant que ça, ce n'est pas son cas. Il est aussi essentiel, puisque c'est à mon avis un des seuls personnages auquel le spectateur peut réellement s'identifier (tout simplement car il serait vaniteux de se croire au niveau des autres). Il a des réactions plus prévisibles, et c'est le seul rookie de la section à ce moment. Par contre, j'aurais du mal à parler de Kusanagi de façon précise, sans ternir son image (un peu comme il est difficile de parler d'Archer de Fate/Stay Night). Il est toujours difficile de donner une vision objective d'un personnages très charismatique, à mon avis. On pourrait résumer ça en une phrase : "Le Major Motoko Kusanagi est l'incarnation même de ce qui rend la japanimation unique". En effet, AUCUN acteur sur Terre au moment ou je parle pourrait jouer son rôle de façon satisfaisante dans un film. C'est ce qui fait de la 2D une merveille en soi. Cela dit, je ne dirais pas qu'elle est belle (désolé pour ceux que ça choque de parler de la beauté féminine d'un dessin en 2D.). En effet, on pourrait en citer des légions qui la surpassent : Saber, Ryoufu Shimei, Aya Natsume...et j'en passe. Prenons l'exemple de Kan'u Unchou d'Ikkitousen. Un chara-design qui s'approche de la perfection (c'est très subjectif, tout ça, hein), mais c'est vide à l'intérieur. VIDE, je vous dit. Je ne dis pas qu'elle est bête, hein - c'est juste qu'elle reste une figure sur un écran. Une très belle figure, certes, mais elle ne prend pas vie dans notre esprit. Le Major a ses arguments, il faut le dire (je ne suppose que ce n'est pas pour rien qu'elle est 'habillée' d'une telle façon tout au long de la série...), mais c'est le fait qu'elle ait été créée pour n'avoir aucun défaut du point de vue de son caractère qui la rend si proche de la perfection. Bon, assez sur Kusanagi, parce que de toute façon, j'ai l'impression que j'écris tout ce qui me passe par la tête, même si ça ne veut rien dire, et même si c'est une grosse exagération. Il faut savoir se restreindre, parfois.

Passons au scénario : les épisodes sont scindés en deux catégories clairement distinctes. La première, les 'Stand Alone', représentent une histoire à part entière, qui comprend un début, un milieu et une fin dans les maigres 20 minutes accordées. On pourrait donc s'attendre à s'ennuyer au fil des épisodes, ou encore à ce les mêmes idées et les mêmes thèmes soient repris. En effet, c'est ce à quoi je m'attendais. Je n'ai pas tendance à aimer ni les enquêtes policières, ni les épisodes d'une série qui sont déconnectés du reste. Cependant, c'étaient des craintes absolument pas fondées. Cela vient d'un côté du fait que pas tous les épisodes soient des enquêtes, mais surtout du fait que chacun des SA a son 'aura' particulière. Chacun nous laisse un arrière-goût différent de celui laissé par l'épisode d'avant, mais pas moins présent - il est d'ailleurs amplifié par l'ending qui s'accorde parfaitement à notre état d'esprit à ce moment (de manière générale). Soit on est plongé dans le sillage de la réflexion que l'anime à tracé pour nous, soit on est sous le choc émotionnel de telle ou telle scène finale, ou encore tout simplement surpris par la tournure qu'on pris les évènements. J'aimerais d'ailleurs adresser une mention spéciale à l'épisode 12, sans vouloir spoiler pour autant. Naturellement, l'autre catégorie d'épisodes est encore plus accrocheuse, puisque qu'ils sont tous concentrés sur un seul et même cas : The Laughing Man Incident. Ils ne se suivent pas tous, ni temporellement, ni spatialement, apparaissant périodiquement entre les épisodes SA, mais chacun donne des informations supplémentaires sur le cas. Certains sont d'ailleurs très originaux, j'ai beaucoup aimé l'épisode qui se déroule entièrement sur une chat room du net. Le scénario lui-même des épisodes Complex est parfaitement ficelé, et sans incohérences. Mené d'une main de maître, il nous tient en haleine jusqu'à la fin, et d'ailleurs, quelle fin ! Ces deux derniers épisodes - MA-GNI-FIQUES ! (Les mauvaises langues auront quelque chose à redire, mais je ne vais pas vous en faire part, puisque spoiler une fin, c'est un crime passage d'écartèlement, d'arrachage d'yeux ou encore de vivisection, et je tiens à l'intégralité de mon corps).

De manière générale, on tient une série très difficilement critiquable sur le plan technique, et tout simplement parfaite au niveau du contenu. On est émerveillé à chaque épisode, qui possède une saveur unique. Donc : 26 épisodes, 26 découvertes, 26 voyages et 520 minutes de bonheur. Et en plus, devinez quoi ? Il y a une deuxième saison ! (et pas des moindres)

Merci et désolé de vous avoir fait perdre un temps inestimable à lire ma critique beaucoup trop longue, mais c'est comme ça, j'étais inspiré et je ne regrette pas. (J'espère que vous ne regrettez pas non plus, d'ailleurs)

Verdict :9/10
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A propos de l'auteur

Kyoshi, inscrit depuis le 17/05/2010.
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