Critique de l'anime NHK ni Yôkoso!

NHK ni Youkoso! est une série qui m’a énormément frappé à l’époque. Chaque arc aborde des sujets qui nous concernent un peu tous ou qui peuvent nous concerner : l’œuvre possède un côté documentaire assez marqué sur la vie du reclus, les otakus, les geeks, les hikikomori, le moe, les fanatiques de MMORPG, de visual novel, les suicidaires, le spectre de l’enfance malheureuse et maltraitée, l’incapacité à s’adapter dans un milieu social, les complexes, la sexualité, la drogue, les troubles de la personnalité obsessionnels, etc. Un vaste programme pour 24 épisodes.

Pour aborder chacun de ces aspects, la série mise sur un ton tragicomique avec une propension pour le délire. C’est pourquoi la série oscille entre sérieux et burlesque sans jamais aller au bout des choses. On présente un trouble social avec humour en laissant envisager quelques échappatoires, certes relativement idéalisés. L’auteur n’a pas le mauvais goût de proposer des leçons de vie et son propos passe d’autant mieux que les sujets d’apparence sérieux et pathétiques sont abordés avec le sourire, avec une pointe de dérision bienvenue, au risque de verser parfois dans la fantasmagorie, trop pour certains.

J’ai beaucoup apprécié le héros et ses problèmes, Misaki aussi, cet ange-démon impossible à cerner. Aux côtés de ses compères de Genshiken, Satou est le « héros » qui m’a semblé le plus proche de l’otaku dans l’univers de la japanimation : moi-même je me suis retrouvé un beau jour à me demander pourquoi la scène de cul tant attendue n’est pas arrivée en jouant à un visual novel. Avant toute chose, il s’agit d’un personnage complexé et par conséquent maladroit que l’on place de façon quasi expérimentale dans telle ou telle situation. Satou est en ce sens tellement banal mais réaliste. Il ne joue pas au pseudo-héros, c’est toujours grâce à une aide extérieure qu’il finit par s’en sortir. Misaki est un personnage mystérieux, d’autant plus attirante qu’elle est plutôt kawai dans son genre de pseudo-enseignante de la grande vie. On soupçonne un lourd secret derrière ce personnage. Mais ce qui importe, c’est sa rencontre avec Satou qui permet de suivre une relation ambiguë entre deux personnages d’exception.

Inutile de trop s’étendre sur une réalisation qui se veut psychédélique quand il s’agit de représenter les troubles de Satou dans ses délires les plus dramatiques mais qui représente au fond assez sobrement l’univers effrayant qu’est l’appartement d’un reclus. Avec du recul, ça manquait un peu de touche sale et noirâtre. J’ai en revanche trouvé la musique fort sympathique, ayant particulièrement aimé un petit morceau de guitare, un semblant de ballade bien dans le ton pour accompagner le quotidien solitaire de Satou. Par contre la musique otaku avec plein de « puru pururin », très peu pour moi…

NHK ni Youkoso! est donc une tranche de vie surréaliste qui propose un scénario poignant et met en avant des tares en vogue et avec une bonne dose de dérision.

A noter que le manga original (lui-même adapté d’un roman) est en tous points excellent et se trouve publié chez Soleil. Malgré cette stupide polémique qui a entouré la censure de deux pauvres petites illustrations à caractère pédophile, l’édition est une bénédiction si l’on passe outre la qualité du papier sur certains volumes. L’œuvre originale est bien plus sombre et l’intrigue va beaucoup plus loin dans les délires et dans l’histoire.