Une expérience de vie peinte sur une toile

» Critique de l'anime Grimgar, le monde des cendres et de fantaisie par Pitucho le
14 Juin 2016

Envoûtant serait le mot. D'ailleurs ne serais-ce pas le but de tout artiste? Captiver si intensément l'attention des personnes pour en faire des admirateurs. Hai to Gensou no Grimgar est une série qui m'a envoûté. Elle représente à mes yeux une œuvre d'art. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'on trouve difficilement mieux de manière générale mais dans son domaine, Grimgar excelle.

J'ai pour habitude d'éviter de regarder directement une série que je suppose avoir un grand potentiel. Dès le départ, avec une idée très vague, j'ai gardé Grimgar dans le coin de mon esprit afin de pouvoir l'apprécier sans attendre une semaine entre chaque épisode. J'ai eu tout à fait raison de procéder ainsi. Si après avoir vu le premier épisode, je ressens cette puissante envie de cliquer sur la page suivante pour regarder le deuxième épisode, c'est que l'entrée est réussie. Le succès perdure si la suite se présente consistante et j'attends, comme tout bon dessert, qu'une fin de toute beauté me sois servie. Grimgar répond à toutes ces exigences et ne commet aucune erreur qui agace. Il en commet certes quelques unes mais les relever sont insignifiantes car dans toute sa splendeur, elles s'effacent de notre champs de vision.

Alors qu'est-ce qui fait la force de Grimgar? Je résume par ces mots simples que j'ai eu du mal à trouver : une expérience de vie peinte sur une toile. Mais ces mots ne sont pas si simples en leur sens. Loin de là. Il faudrait plutôt voir dans un vaste ensemble confus, des émotions, des sentiments, des comportements, des attitudes, des opinions, de la volonté mais aussi des erreurs, des faiblesses, des regrets, des séquelles. Quant à la toile, j'y reviendrais après avec plus de détails.

En premier lieu, Grimgar va jusqu'à faire ressentir cette expérience de vie tout en renouant avec la difficulté des jeux-vidéos MMORPG. Passez votre chemin si vous chercher des level-up à tout-va en quelques épisodes, des compétences overcheatés, des personnages si charismatiques qu'on tremble d'effroi rien qu'à entendre leur nom. Ce n'est pas SAO, il serait plus un anti-SAO si on se placerait sur une échelle de comparaison. La progression est lente et chaque nouveauté s'apprécie à sa juste valeur.

On travaille en équipe, pas de solo, chacun a son rôle, personne n'est dispensable. Même dans l'utilisation de leurs compétences, les personnages restent humains. Ce ne sont ni des héros ni des prodiges destinés à accomplir moult quêtes. Un seul dérape et tout est désorganisé, surtout avec l'impact psychologique derrière. Mais bien plus encore, les lourdes pertes ne sont pas que d'un seul côté. Dès le départ, on se rend compte que les créatures qu'ils affrontent ne sont pas que de simples monstres sans âme, ils ont aussi leur propre "humanité" et leur libre-arbitre et ça c'est original. Personne ne veut mourir, chacun survit au détriment de l'autre, il n'y a pas vraiment de bon ou mauvais côté : c'est ce qu'il faut retenir.

Mais bien que son univers soit fidèle, il reste finalement plus proche d'un quotidien. Même en pleine fantaisie, l'univers demeure plus médiéval que fantastique. J'ai plus eu l'impression de suivre un quotidien hors jeu-vidéo qu'une partie de jeu-vidéo. Au jour le jour, les personnages s'adaptent, gèrent leur foyer et leurs finances, ont des tâches ménagères, chassent pour remplir leur ventre et pourvoir aux besoins essentiels de leur vie. Est-ce si envoûtant de suivre ce quotidien? Assurément car en prenant un tracé scénaristique simple, l'auteur arrive à y glisser bien plus de complexité. C'est justement parce que c'est un quotidien, que l'on peut s'attarder sur des problèmes et des banalités en tout genre. Toutefois, ce sont surtout les relations entre les personnages qui sont traitées avec une finesse particulière.

Ce ne sont pas des compagnons qui par la force inébranlable de l'amitié surpassent toute épreuve même si elle joue ici un rôle majeur. Ce sont juste des adolescents en voie de devenir des adultes, qui pleurent, qui échouent, qui réfléchissent avant de frapper, qui contournent les obstacles au lieu de passer à travers. Ils sont faibles et c'est parce qu'ils le savent qu'ils deviennent plus forts. Ils sont seuls et chacun est si différent des autres mais personne ne peut se passer de personne; et c'est pour ces raisons qu'ils restent unis. Cette amitié suppose des relations, des communications, des sentiments qui doivent être partagés afin d'assurer la cohésion de l'équipe. Sans moral, il ne peut y avoir de combativité. Sans partage, ils ne peuvent se comprendre. Tout cela porte ses fruits grâce à un travail collectif et une entraide morale à chaque fois plus solides. C'est ainsi que je voie Grimgar.

En second lieu, le tout s'inscrit dans des décors d'une merveille sans pareil à contempler. Je ne m'attarde pas en général sur le visuel mais là je trouve que le dessin est de toute beauté. Je ne parle pas des "décors de proximité" même si ceux-ci sont également très beaux et bien détaillés. Je parle plus précisément des paysages au loin qui respirent la vie et la paix. Je ne connais franchement rien à l'art mais on n'a pas besoin d'être un fin connaisseur pour savoir apprécier de beaux tableaux. Ce qui compte c'est de s'y imprégner et pour moi c'est réussi. Si j'aurais à rajouter un mot de plus, ce serais magnifique.

Comme je l'ai dit, l'artiste veut envoûter toute personne, quelle qu'elle soit, en particulier le profane afin de lui donner goût et de le pousser à la découverte d'une merveilleuse aventure. Son arme est de nous faire rentrer dans son univers, chargé ici des sentiments des acteurs car oui, ces images contribuent également. Sa myriade de couleurs pastel collent parfaitement avec l'anime, par ses nombreux plans fixes et ses scènes calmes permettant au spectateur de s'immerger. Elles permettent aussi de faire contraste avec l'atmosphère sombre qui émane par moment, à travers un paysage verdoyant et des couleurs vives. Je pense notamment à Maoyuu Maou Yuusha qui en faisait également une belle utilisation. Personnellement, je trouve que ces graphismes sont en parfaite adéquation avec un univers médiéval car ils donnent une touche de "vieillesse visuelle" à l'anime par une sorte de flou artistique dans les décors au lointain.

On m'a dit qu'il y a un mélange habile et discret avec des images de synthèse. Si tel est le cas dans cet anime, alors j'ai été complètement bluffé et je tire ma révérence à la japonaise, bien bas pour montrer le respect. Mais franchement ce serais bien dommage que les plus belles images soient faites sur un fichu ordinateur bien que je sois capable de les apprécier comme dans Ajin mais aussi dans Sidonia no Kishi. Effectivement, je considère que Grimgar est encore un de ces animes qui prouve que jamais les images de synthèse, aussi parfaites soient-elles, n'arriveront à équivaloir la main de l'homme dans toutes ses imperfections.

Conclusion :

Bref, envoûtant est vraiment le mot. Il faut seulement se laisser aller et admirer l'œuvre. Hai to Gensou no Grimgar propose une aventure dans un univers immersif, des personnages attachants, une trame originale et inattendue et un joli coup de crayon pastel. Passer à côté serais plus que dommage.

Verdict :9/10
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A propos de l'auteur

Pitucho, inscrit depuis le 20/02/2016.
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