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De l’autre côté des nuages, de jeunes gens solitaires

Publié le 16/02/2009 par Starrynight dans Dossiers - 10 commentaires

Comme d’autres réalisateurs nippons, Makoto Shinkai, à la réputation maintenant bien établie, offre des constantes tout au long de ses œuvres. L’une d’entre elles est le soin grandissant accordé à la réalisation visuelle qui transforme le décor en scènes ultra-réalistes. Une autre réside dans la psychologie de ses personnages principaux et dans leurs interactions les uns avec les autres, et c’est ce point qui nous intéresse ici. Ce dossier se base uniquement sur trois œuvres du réalisateur : Hoshi no Koe (abrégée par la suite en HK), Kumo no Mukou Yakusoku no Basho (Beyond the Clouds, abrégée ensuite en KM) et Byôsoku 5 Centimeter (abrégée en B5C).

Attention, ce dossier spoile ces trois œuvres. Il est recommandé d’éviter de le lire si on ne les connaît pas déjà toutes les trois.

Amour du non-dit, non-dit de l’amour

Tous les couples (principaux) présentés dans ces œuvres sont caractérisés par une relation qui dure depuis leur tendre jeunesse sans que les sentiments que chacun éprouve pour l’autre ne soient clairement exprimés. Tant Noboru et Mikako (HK), Hiroki et Sayuri (KM) que Takaki et Akari (B5C) se présentent eux-mêmes comme des amis d’enfance, en insistant sur leur complicité, leurs goûts communs et leur bonheur d’être ensemble. Cependant, leur relation refuse d’aller explicitement plus loin, bien qu’il soit rapidement évident pour le spectateur qu’il y a bien présence d’un sentiment amoureux, qui plus est, réciproque. On notera malgré tout que Takaki et Akari (B5C) arrivent en toute dernière extrémité, après un périple long et difficile pour se rejoindre, à enfin échanger un baiser, avant de devoir se séparer – définitivement – dès le lendemain.

Les manifestations naturelles reflètent parfois le devenir de la relation entre les deux personnages. on pensera notamment au cerisier dont la chute des fleurs – qui donne son nom à B5C – rappelle le caractère aussi beau qu’éphémère de l’amour naissant de Takaki et Akari. De même l’hiver coïncide souvent avec une crise (bonne ou mauvaise) dans les relations. On pensera par exemple à Takaki qui va coûte que coûte retrouver Akari en train malgré la neige dans B5C ou encore à la construction du Vellaciela (ou Bella Ciela) dans KM. De même, c’est lorsque l’hiver frappe le Japon que Mikako fait brusquement un bond d’une année-lumière à bord de son vaisseau, compromettant définitivement tout espoir futur d’une réelle communication avec son ami Noboru resté sur Terre. Par ailleurs, dans B5C, la neige renvoie aux pétales de cerisier. On pensera à la séquence du baiser de Takaki et Akari vers la fin de la première partie : derrière eux le cerisier sans feuille ni pétale devant lequel la neige tombe se métamorphose en un arbre en pleine floraison. La brièveté croise le moment critique.
Enfin, la nature joue parfois avec le cœur des héros en les empêchant d’échanger davantage ou de se rapprocher. C’est particulièrement flagrant dans la 1ère partie de B5C entre la tempête de neige qui retarde énormément le trajet de Takaki, au point qu’Akari risque de ne plus l’attendre, et la bourrasque qui arrache des mains du jeune homme la lettre qu’il voulait remettre à son amie.

Les personnages semblent tous se complaire dans un côtoiement quasi quotidien qui n’abuse qu’eux, sans marque d’amour ni, encore moins, la moindre passion. Ils sont là, côte-à-côte, et c’est tout. Le « je t’aime » est à leurs lèvres mais refuse de sortir. On le voit notamment dans B5C lorsque Kanae s’estime dans un jour faste (elle a enfin réussi à surfer) et décide d’en profiter pour se déclarer à Takaki en pensant « c’est aujourd’hui ou jamais ». Ce sera jamais. Les occasions sont nombreuses mais, à chaque fois, par timidité, retenue ou face à la nonchalance de Takaki – Kanae s’interroge d’ailleurs de savoir si son amour est ou non réciproque – elle n’y arrive pas et finit par baisser les bras.
Toutes les relations sont alors caractérisées par le non-dit, le non-fait. Cette inaction et cette absence de dialogue sur un sujet « sérieux » qui les concerne tous les deux font que les occasions ratent et que chaque personnage, à présent seul, se complait ensuite dans des regrets et dans des souvenirs du temps qu’ils passaient ensemble.

Aphone, cet amour sombre rapidement dans la désillusion. Ainsi, si, dans B5C, Takaki dit qu’Akari et lui se ressemblent beaucoup : « nous étions convaincus que nous serons toujours ensemble », il contredira lui-même cette assertion au moment même où il embrasse Akari : leur amour est impassible car le garçon ne sait pas comment « emporter l’âme d’Akari » (sic). C’est paradoxalement au moment où ce sentiment amoureux est réellement exprimé par un baiser, que l’illusion d’une vie commune possible grâce à cet amour se brise. Exprimer son sentiment équivaudrait-il donc ici à le rompre ? Cela pourrait expliquer pourquoi, dans les autres cas, les jeunes gens choisissent de ne pas le formuler explicitement, préférant une relation ambiguë d’amitié forte flirtant avec l’amour plutôt qu’un néant sentimental.

Pour accentuer encore cet effet, un procédé revient souvent, c’est celui de la lecture des messages en voix-off. Un des personnages lit ainsi la lettre, l’email ou le texto qu’il a reçu de son partenaire, donnant l’impression d’un film muet où seul un narrateur invisible raconterait le récit, surtout que ce procédé ne montre pas vraiment si le partenaire répond ou non au message. Finalement chacun est seul face à son amour, voilà ce que semble dire Shinkai. Au lieu de dialoguer directement entre eux, chacun s’enferme ainsi dans un monologue, et sombre dans l’isolement, psychologique si pas physique.

Des héros solitaires

La solitude des personnages est étroitement liée à leurs amours malheureuses. En effet, ce qui provoque la déliquescence de cet amour est un éloignement grandissant entre les deux partenaires et contre lequel ils sont impuissants. En tant que relations finalement très banales et sans happy ending, ces sentiments amoureux finissent par complètement disparaître et ne susciter plus qu’un goût d’amertume et de regret, teinté de fatalisme. Seul dans KM, les deux jeunes gens parviennent – presque miraculeusement – à se retrouver et à être à nouveau ensemble. Cependant, dans ce dernier cas, et c’est peut-être le plus cruel, le dieu qu’ils implorent leur refuse de pouvoir s’avouer leurs sentiments ne serait-ce qu’une fraction de seconde et provoque au contraire une sorte d’amnésie ou de blocage mental, malgré les supplications de Sayuri peu avant son réveil. Ils devront donc repartir de zéro, sans aucune certitude pour leur avenir commun.

Makoto Shinkai met ici en relief un paradoxe : si ces jeunes sont naturellement grands utilisateurs de technologies – de communication et de transport, en particulier, omniprésentes dans leur environnement quotidien (on ne compte plus le nombre de séquences où l’on voit un train ou un téléphone dans ces trois œuvres) – qui devraient leur permettre de se voir ou de se parler plus facilement, c’est au contraire ces technologies qui vont peu à peu marquer la distance qui les sépare et les enfermer dans leur solitude. Les exemples de ce type abondent.
Du côté des moyens de transport, on pensera ainsi à l’astronef dans HK qui emporte Mikako loin de la Terre, et donc de Noboru, ou aux trains et passages à niveaux dans B5C : le train part avec Takaki à bord, laissant Akari sur le quai ; par deux fois ils se retrouvent chacun d’un côté d’un passage à niveaux et au moment où ils vont se voir ou se parler, un train passe en trombe les cachant mutuellement à l’autre et couvrant leurs voix. Lors de la dernière fois, dans le 3e épisode, Takaki adulte croise une femme qui ressemble (et qui est peut-être) Akari adulte. Chacun commence à se retourner vers l’autre lorsque, encore une fois, un train passe et les sépare.
La dernière image de B5C est d’ailleurs un passage à niveaux vide, signe que les routes de Takaki et Akari se sont définitivement séparées et qu’il leur est impossible de commencer une nouvelle relation.

Du côté des communications, l’objet culte est ici le téléphone portable. Ainsi, Mikako (HK) déclare-t-elle : « au collège, je considérais le monde comme l’endroit où pouvaient parvenir les ondes de mon portable ». D’où sa conclusion logique, lorsqu’elle se rend compte qu’elle n’arrive plus à capter : « je ne suis plus de ce monde ». Comme un miroir, son ami Noboru aura plus tard une réaction similaire lorsqu’il constatera que les messages de Mikako mettent de plus de plus de temps à lui parvenir, jusqu’à finalement devenir un temps incommensurable qui ne leur permet plus de se suivre régulièrement. C’est finalement leur rapport à la technologie qui accentue ainsi leur isolement.
Seul le Vellaciela dans KM est un objet technologique, construit de plus des propres mains de Hiroki et de son ami Takuya, qui permet le rapprochement de Hiroki et Sayuri. Cet engin est d’ailleurs fabriqué dans une ancienne gare désaffectée, on retrouve la thématique du train.

Shinkai insiste sur la distance qui sépare chaque être et joue aussi sur la toponymie pour bien montrer à quel point chacun s’éloigne physiquement de l’autre. Dans HK, Mikako donne régulièrement sa position, de plus en plus loin du Soleil et de la Terre : à Mars succède ainsi Jupiter puis Pluton puis enfin l’espace (une exoplanète). KM s’articule autour d’un dipôle géographique : Aomori (nord de l’île de Honshû, près de l’île de Hokkaidô) et Tôkyô. On a droit ensuite à un jeu inverse sur Aomori et Hokkaidô (où se situe la tour qui les fascine) : si ces deux endroits sont proches géographiquement, Hokkaidô est devenu quasi inaccessible pour des raisons politiques. Dans B5C, de Tôkyô, Takaki part pour Kagoshima (sud-ouest du Japon, île de Kyûshû) tandis qu’Akari est maintenant à Tochigi (à une centaine de kilomètres au nord de Tôkyô). Dans la 2e partie, Takaki, à présent à Kagoshima, annonce à Kanae qu’il a rencontrée là-bas vouloir aller à l’université à Tôkyô, et donc s’éloigner d’elle.

L’homme est seul, plongé dans les éléments naturels ou, surtout, cosmiques, que ce soit au sens propre (Mikako qui s’envole dans l’espace dans HK) ou figuré (Takaki qui a toujours la tête dans les étoiles dans B5C). Comme le dit un personnage dans KM, « nous sommes des amoureux séparés par l’espace et le temps ». Plus loin, Hiroki et Sayuri s’exclameront d’une même voix malgré la distance qui les sépare : « c’est comme si j’étais la seule personne restante au monde ».
Les effets de lumière accentuent parfois impression de solitude. Par exemple, dans KM, on voit à plusieurs reprises une salle de classe dans laquelle une table est éclairée comme pour signaler une présence puis finalement s’éteint. Dans B5C, on voit également une salle de classe qui s’allume néon après néon entretenant la tension – « y a-t-il quelqu’un d’autre que moi ? » – jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que la pièce est vide.

Pour fuir sa solitude, le personnage trouve refuge dans ses rêves, dans une réalité alternative. On pensera aux rêves récurrents, et en partie prémonitoires, de Sayuri dans KM ainsi qu’aux « rêves du monde » par lesquels une collègue de Takuya cherche à expliquer l’effet que produit la tour : « le monde cache dans ses rêves ce qu’il aurait pu être ».

Takaki de B5C, peut-être le plus irrémédiablement solitaire des héros de Shinkai, vit en célibataire alors qu’il a une relation depuis trois ans : « la tristesse envahit peu à peu mon quotidien » et « même si on s’est envoyé des milliers de mails, nos cœurs ne se sont rapprochés que d’un centimètre ». On retrouve le motif récurrent d’une distance devenue impossible à combler. Takaki s’envoie des textos à lui-même – exercice aussi vain que les échanges de textos dans HK – tandis que Kanae espère à chaque fois qu’ils lui seront adressés. Le thème de ces textos est de retrouver quelqu’un dans l’espace, comme un écho à HK et tout en renvoyant au thème de l’espace comme source de solitude du héros.

Espace, creuset de la solitude

Directement ou indirectement, l’espace occupe une part importante dans ces trois œuvres par la fascination qu’elle exerce sur certains personnages qui espèrent pouvoir toucher du doigt leurs rêves, par l’éloignement et la solitude qu’elle cristallise et par la dimension technologique qui lui est associée. L’exemple le plus évident est sans doute l’astronef qui emporte Mikako dans HK, mais on pensera aussi à la tour de KM qui défie les lois de la physique classique et touche les étoiles, ainsi qu’à la mission spatiale qui part explorer l’espace dans B5C. D’ailleurs, la 2e partie de B5C s’intitule « Cosmonaute », contribuant à ce rapprochement.

Dans cet épisode, Takaki et Kanae voient à un moment passer un camion avec un gros container estampillé « espace ». Il s’agit d’une fusée prévue pour explorer le système solaire – on peut ici faire un rapprochement avec HK. On notera que la vitesse de ce camion est de 5 km/h à rapprocher du 5 cm/s qui est la vitesse de chute des pétales de cerisier, origine du titre de B5C. On apercevra encore une affiche sur l’espace sur la vitrine du combini dans l’épisode 2, tandis que Takaki feuillette une revue sur l’espace dans l’épisode 3. Si l’on rajoute à cela le nombre de scènes où l’on voit Takaki, accompagné ou non de Kanae, assis dans un champ à contempler les étoiles, on comprendra à quel point l’espace est devenu omniprésent dans B5C . L’espace semble même terriblement proche. Par exemple, on voit à un moment une galaxie spirale qui occupe la moitié du ciel – comme pour mieux tenter le héros – ce qui est impossible dans la réalité, les galaxies les plus proches sont à peine visibles à l’œil nu.

Cet espace fascine le jeune homme qui s’imagine « naviguer dans l’obscurité totale sans rencontrer personne », aveu de son désir de solitude et d’un éloignement d’avec tous les autres êtres humains. En appelant de ces vœux un isolement volontaire, similaire à celui de Mikako dans HK, Takaki montre qu’il préfère s’enfuir dans son rêve plutôt que s’impliquer dans la réalité immédiate. Comme en réponse, Kanae, après bien des hésitations sur ses études futures, fait un avion en papier de sa feuille de choix d’orientation. L’avion s’envole et monte en direction du ciel étoilé : elle ne pense plus à son avenir, se livre à l’indécision et au hasard, comme pour mieux accompagner dans l’espace celui dont elle est amoureuse.

Le ciel étoilé est toujours présent pendant les relations, tel ce panorama du ciel étoilé pendant que Takaki embrasse Akari, alors même qu’il réalise que leur relation ne pourra durer toute leur vie dans B5C. A cause de cette soif d’espace ? A la fin de l’épisode 2 de B5C, on voit ainsi la fusée qu’ils ont vu passer en camion décoller au fond, tandis qu’au premier plan, Kanae pleure parce qu’elle n’arrive pas à se déclarer à Takaki, lequel a les yeux rivés sur l’engin. La jeune fille fait ainsi remarquer : « Takaki-kun est très gentil mais il regarde toujours au loin, loin de moi, vers quelque chose d’autre ».

L’espace est donc en partie ce qui tue la relation amoureuse et contribue à l’isolement de chacun. Cependant, Makoto Shinkai profite de ce cadre étoilé pour s’interroger par la même occasion sur la place du Japon vis-à-vis de la conquête du milieu intersidéral. On remarquera ainsi que tant l’immense astronef de HK, le Vallaciela de KM que la fusée de B5C sont toutes trois de fabrication japonaise (au moins partiellement) et décollent du Japon, alors que le programme spatial nippon est actuellement très limité. Imaginant un avenir proche dans lequel le Japon deviendrait une puissance de premier plan dans la course à l’espace, le réalisateur s’attache ainsi à dépeindre à envie un Japon qui mêle ultra-modernisme et futurisme et des éléments bien concrets du quotidien et aisément identifiables comme tels : les gares, les trains, les distributeurs de boisson, etc. Shinkai distille ainsi du féérique dans le quotidien où les objets anodins (un porte-parapluie, un quai de gare …) sont métamorphosés selon l’angle d’éclairage et la luminosité.

Cette vision d’avenir ne se fait pas sans craintes de tensions internes. Dans KM, le Japon est ainsi séparé en deux, comme l’est actuellement son voisin coréen. L’île de Hokkaidô – renommée Ezo – est devenue indépendante et montre au-travers de cette tour fantastique une technologie en avance sur celle du Japon. Ce point est intéressant car Ezo (蝦夷), également prononcé Emishi, était le nom autrefois donné par les Japonais au peuple aïnou qu’ils considéraient alors comme des barbares et des sauvages. Faut-il voir dans l’émancipation de ce nouvel Ezo, le signe – et peut-être la crainte – d’une revanche des aïnous ?

10 commentaires

Le rapport à l'adolescence est aussi interessant, Noboru va ne pas grandir car retenus par le souvenir de Mikako. Il attendera son dernier message pour a nouveau aller de l'avant, mais été déjà résolut, comme pour vivre à fond son étrange relatuion avec elle.

Dans 5cm.s-1 c'est la fin de l'enfance et le début de l'adolescence qui marque la séparation entre Takaki et Akari et le début de leur éloignement qui aboutira pour Takaki à un age adulte des plus étouffant.

Enfin dans KnM on a trois situation différentes, les protagonistes ont tous un rêve, symbole de leur adolescence :
-Takuya le laissera tomber très tôt pour devenir adulte.
-Hiroki tentera jusqu'au dernier moment de le réaliser, même si il sait qu'il est devenu impossible, il s'accroche à son adolescence.
-Sayuri vit ce rêve mais devra s'en réveiller pour devenir adulte.
Et au final tous deviendront adulte en s'en détachant.
2 Starrynight le 16/02/2009
Effectivement, il y a également beaucoup à dire sur l'adolescence et le passage à l'âge adulte dans ces œuvres. Jolie réflexion sur le parallèle rêve/adolescence pour B5C.

Merci pour ton commentaire.
Excellent commentaire, pour un peu, j'ai l'impression de revoir ces 3 animes...
4 Afloplouf le 16/02/2009
De toute façon, on pourrait écrire des pages sur ces 3 œuvres sans en avoir fait vraiment le tour. Au delà des thèmes (à part celui évoqué dans le dernier paragraphe auquel je n'avais pensé, bien vu !) j'apprécie l'articulation de tes idées. Il fallait aussi du courage pour essayer d'aborder un auteur qui commence à avoir une solide communauté de fan.

@Citation
Dans 5cm.s-1


Le scientifique n'a pas du tout été repéré. ^^

Pour en revenir à des considérations moins triviales et rebondir le commentaire de Tetho, j'ai trouvé que B5C marque quelque part une rupture dans la thématique de Shinkai, justement dans le rapport au rêve. On peut d'ailleurs mettre ça en parallèle avec la place de la SF reléguée au second plan. Je m'explique.

Dans HnK, les souvenirs de l'être aimé ont parfois tendance à se superposer à la réalité pour peut-être en atténuer la cruauté. Inutile je pense de détailler la place du rêve dans KM puisque c'est l'un des aspect central de l'histoire (les rêves des mondes, il fallait y penser). A l'opposé, B5C est très terre-à-terre.

De plus si HnK et KM se terminent sur une note un peu positive (bon d'accord il faut lire le manga HnK pour s'en persuader), B5C a quant à lui une conclusion assez triste, plus réaliste aussi. J'ai vraiment eu l'impression d'une transition entre les précédentes productions de Shinkai et celle-ci, comme le passage de l'adolescence à l'âge adulte.

Je me demande quelle sera d'ailleurs la prochaine oeuvre du monsieur ; ce n'est pas un maigre - quoique excellent - segment d'une minute sur AniKuri qui va me satisfaire. J'ai senti dans ces deux premières œuvres un véritable amour de la SF, ça pourrait être exploité dans un premier vrai space opera hard-sf soyons fou. On retrouve le thème de l'isolement et de la distance dans la "saga des Inhibiteurs" même si la tonalité est bien plus sombre que si Shinkai a présenté jusqu'à présent. Ou pourquoi tout simplement le vieux mais toujours d'actualité "La guerre éternelle" dont HnK m'a toujours donné l'impression de n'être somme toute qu'un rapide résumé pour adolescents. Je pense que Shinkai est l'homme de la situation pour s'attaquer à Haldeman. J'ai dit "soyons fous". =}
5cm.s-1 est le film de la maturité pour Shinkai par le refus du fantastique et du happy end.
Comme je l'avait écrit sur le forum Mata (ou Kata ?) à l'époque, chez Shinkai l'Amour est un sentiment incroyablement puissant qui dépasse l'espace et le temps, mais qui est aussi extrèmement fragile. La sublime fin de KnM le montre bien.

Pour son prochain film majeur tu peux attendre encore un moment, le maître n'est toujours pas rentré de son voyage d'étude en Grande-Bretagne.

Ha sinon pour Eizo, ils disent bien que l'ile appartient à "l'Union", entitée étatique dont on ne sait rien mais dont le nom fait pensser à l'URSS. De ce que j'ai compris la base de l'uchronie qu'est KnM trouve ses racine plus ou moins dans un monde où les soviétiques auraient pu envahire Hokkaido avant que les US ne forcent l'Empreur à la rédition en 45. Donc je ne pense pas qu'il faille y voire une quelconque revendication pour les Ainous.
6 Afloplouf le 17/02/2009
@Citation de Tetho
5cm.s-1 est le film de la maturité pour Shinkai par le refus du fantastique et du happy end.

My point =}

Ceci dit, il est un peu facile de conclure qu'une happy end n'est pas réaliste. De plus, celles de HnK et de KnM sont malgré tout teintés d'une contrepartie

*Spoiler*

- Dans HnK, les deux amoureux se retrouvent mais le temps s'est écoulé différemment pour les deux. Un fossé s'est creusé. C'est surtout cette fin qui me fait penser à du Haldeman.
- Dans KnM, ils vont devoir repartir de zéro.

*Spoiler*

Et - mais là c'est peut-être le fan de SF/Fantastique qui parle - le fantastique (pour prendre un terme générique) ne signifie pas forcément le refus de la réalité. L'idée de base (je parle de la forme du genre) est de poser un univers en partie ou complétement fantasmée MAIS, à partir de là, de construire un raisonnement du monde proche de celui qu'on connait au quotidien. Je peux, si tu n'en est pas convaincu, développer pour te montrer que HnK et KnM correspondent à cette définition.
Tant qu'on y est à spoiler grave :
-A la fin d'HnK Mikako est morte depuis 9 ans ou pas loin. La flotte a subie de gros dégats lors de la bataille d'Agartha et les survivants (dont le Lysithea protégé par Mikako) ne sont pas revenus depuis, on peut donc les considerer MIA. Noboru est bien concient qu'il ne la revera jamais, comme le montre sa résolution à aller de l'avant, mais il voulait attendre ce dernier message (il a même conservé le même portable pendant tout ce temps). Ce qui fait qu'ils sont ensemble c'est que malgré l'espace et le temps leurs sentiments sont les mêmes.
-KnM c'est plus complexe. Bien que le flash-forward au début du film sous entend bien qu'il s'est passé quelque chose et que Hiroki et Sayuri ne se voient plus. A la fin du film Sayuri a oublié ses sentiments pour Hiroki, c'est ce qu'elle savait qu'elle allait perdre en se réveillant (et une des raisons pour laquelle je parle de fragilité du sentiment), mais le film se termine quand même sur une note positive "on peut tout reconstruire".

Dans les deux cas on a une vision très idéalisée de l'amour.

En fait je me suis (très) mal exprimé.
Je n'ai pas dit que c'était un refus de la réalité, mais 5cm par seconde lui s'ancre dans notre quotidien (ou celui des japonais tout du moins), la distance physique entre Takaki et Akari se compte en centaines de km et pourtant elle est pire que les années-lumière qui séparent Mikako et Noboru et ils vivent dans le même monde mais ont plus de mal qu'Hiroki et Sayuri à se transmettrent leurs sentiments... C'est là que le refus du fantastique joue, en refusant la métaphore et en montrat qu'une situation de tous les jours peut être aussi "terrible" que d'incroyables épreuves imaginées.
Pour le happy-end loin de moi l'idée que c'est une fin facile, mais il aurait été si simple de mettre Akari souriante qui se retourne derrière le train à la fin. Mais non, leur distance s'est bien trop creusée. Elle pense encore à lui de temps en temps mais ce n'est plus qu'un souvenir. La toute fin du film montre Takaki qui reprend son chemin en souriant, pour moi c'est positif comme si lui aussi venait d'arriver à mettre une fin à tout ça. L'amour ici n'a pas aboutit mais c'est pas pour autant que la fin est si noire.
8 dareen le 17/02/2009
Un très bon article qui m'a permis d'ouvrir les yeux sur certains points que je n'avais pas pensé.

J'en profite pour encourager et remercier toute l'équipe de Anime Kun pour vos articles qui sont véritablement intéressants contrairement aux 95% des sites du genre sur le net :)
Ca c'est gentil, même si c'est faux. :}
10 El Nounourso le 27/02/2009
J'ai mis le temps mais je viens enfin de lire ton dossier Starry. Couplé aux commentaires d'internautes ci-dessus, il offre une analyse poussée et pertinente des lignes directrices de l'oeuvre de Shunkai. Bon boulot !

Très belles images aussi mais bon, il faut dire que tu avais vraiment l'embarras du choix ^^

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