Critique de l'anime Darker than BLACK : Ryūsei no Gemini

» par Izanami le
07 Février 2011
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Ohlalala il était temps que j’intervienne ici pour défendre mon anime préféré qui se paie décidément une bien sale réputation. Inexplicablement. Puisque j’ai revu récemment la « seconde » saison partiellement, je m’en vais étaler tout mon émerveillement sans pudeur ni retenue, en long en large et en avant. Et ce, en me remettant dans les mêmes conditions que lorsque je l’ai vu pour la première fois, soit sans les explications apportées par les récents OAVs.

Commençons : une « seconde » saison ? Pourquoi ces guillemets ? Certains lui reprochent de n’être qu’un complément HS par rapport à la première, une suite indirecte, ils ne comprennent pas, ça les dérange. En effet, techniquement, cette saison serait chronologiquement la 3ème, puisqu’entre les deux se situe « Darker than Black : Gaiden », une série de 4 OAVS, mais qui pourtant n’est sorti que bien après. Idée sublime, novatrice, parfaitement menée, qui consistait à semer le trouble chez le spectateur qui commence en ne comprenant rien : Où est Yin ? Pourquoi le héros si sexy est-il devenu un alcolo violent et repoussant ? Qu’est-ce qu’on fout en Russie ? etc. On doit tout recommencer à zéro pour comprendre la personnalité si insondable de Hei, avec seulement quelques courts flashbacks peu explicites renvoyant à ce qui se serait passé entre les deux saisons. Comme d’habitude nous n’avons pas accès à son for intérieur, nous ne comprenons pas sa manière d’agir, ses motivations. Nous commençons perdu, tout comme pour la première saison, alors que nous pensions enfin avoir trouvé un fil directeur à l'issue de cette-dernière.

Mais voilà, cet atout qui m’a tant captivé est devenu un défaut de taille pour certains : il semble que ça ne plaise pas à tout le monde de ne pas comprendre. Pourtant c’est pour moi une qualité suprême de l’anime : le trouble. Même après une longue première saison on ressort avec des millions de questions sans réponses, et notamment sur les personnages principaux que nous avons pourtant suivis tout le long ! Il faut savoir faire abstraction de toute cette ambiance mystérieuse, impénétrable, pour accumuler petit à petit des détails de compréhension, et ne pas s’offusquer à chaque fois qu’une incohérence survient. Car elle n’en est pas une ; c’est juste que la réponse tant espérée ne nous est pas accessible pour le moment. Même après avoir vu tous les épisodes existants à ce jour, vous serez bourrés de questions sur cet univers, mais cela n’est selon moi que le meilleur moyen de nous faire rêver, imaginer.

Hei ne semble même plus être le personnage principal, c’est pour dire que nous allons galérer pour le cerner cette fois. Son évolution, toute aussi intéressante que pour la première saison, sera donc difficile à saisir, et il faudra faire fi de certains agissements incompréhensibles pour s’attacher de nouveau à lui.

Dans la première saison nous avions essentiellement la policière Misaki pour apporter un peu d’humanité dans ce monde, elle permettait d’opposer le caractère des différents êtres, humains et contractants. Nous comprenions ces actes, sa manière de penser, on s’attachait naturellement à elle et à ses valeurs très humaines. Elle ne revient dans la seconde saison que comme personnage secondaire, car c’est à présent la petite Suou qui nous servira de point d’appui, de base de compréhension.

Ils ont complètement innové, changé de formule. Une héroïne fleure bleue prend donc les devant, en totale contradiction avec la première saison : nous assistons à un début lumineux, rassurant. Une pouffe qui vomit à la vue du sang et veut la paix dans le monde alors que des guerres éclatent tous les matins à droite à gauche. Bref, une gamine, à qui on ne peut reprocher d’être jeune, pleine de vie et d’espoirs ; mais on aimerait vraiment lui faire percuter à coups de baffes que son idéal n’est pas réalisable. C’est Hei qui s’en chargera pour nous. Cette gamine, c’est pourtant la dernière lueur d’espoir de l’humanité, l’ultime trace de l’amour en ce monde. Celle qui se veut vouée à lutter de toutes ses forces contre les injustices, et qui pourtant finira comme les autres : froide meurtrière. En un mot, à ce rythme de propagation des mystères autour des contractants, l’humanité est foutue. Voilà le doux message.

Les contractants ~

Tout bascule aussitôt que Suou pète les plombs, ce qui permet d’apporter des précisions sur les contractants, n’est-ce pas là le but de l’anime ?

Qu’est-ce que c’est qu’agir de manière « rationnelle » ? Est-ce suivre une logique pour notre propre bien, aveuglément, en oubliant nos sentiments ? Mais n’est-ce pas contradictoire, puisque ces sentiments survivront malgré tout, irréductiblement en chacun de nous ? Ne risque-ton pas de se blesser en les ignorant, et n’est-ce alors pas au contraire totalement illogique comme manière d’agir ? Le contractant est-il donc libéré de toute douleur sentimentale ? Est-il vidé de toute émotion humaine, où alors la transformation en contractant agit comme un inhibiteur qui les refoulerait dans notre inconscient pour les empêcher de dicter nos actes, et donc elles ne disparaitraient pas tout à fait ? Le contractant est-il vraiment insensible, ou alors son statut lui permet de supporter la douleur émotionnelle et donc de n’en pas tenir compte ? Que leur arrive-t-il s’ils ne respectent pas leur contrat ? Ont-ils peur d’une éventuelle conséquence ? La peur n’est-elle pourtant pas purement irrationnelle ? Autant de questions en vrac que je me plais à me poser encore.

Nous avons donc ici ce qui semble être le meilleur moyen de comprendre un contractant, puisque l’héroïne est une humaine devenue contractante : elle n’a rien oublié de ses émotions, ses goûts passés, mais n’y vois plus le moindre intérêt. Transformée en machine programmée pour survivre, elle mettra de côté son humanité ; mais ne peut la supprimer. Souvent elle se demandera au fond d’elle pourquoi elle ne voit plus l’intérêt de faire quelque chose qui lui procurerait pourtant du plaisir, quelque chose de simple et rapide (comme prendre une baleine en photo). Elle se mettra à pleurer inconsciemment, sans comprendre pourquoi, mais ne pourra s’en empêcher. Tout l’intérêt de la saison est donc l’évolution de cette petite fille qui n’a rien demandé et en verra de toutes les couleurs.

Le problème de la contrepartie n’est je crois pas abordée avec Suou ce que je trouve dommage, j’aurais aimé savoir ce qu’elle en pense : a-t-elle automatiquement peur d’une réprimande mystique inconnue si elle ne plie pas ses petits origamis correctement ?

Parmi les autres nouveaux personnages, je vais avouer ce qui m’a dérangé : Madame Oreille (prononcez Madamou Oléilou) et ses deux poupées qui passent leur temps à sourire à chaque fois qu’un bouleversement imprévisible éclate du genre : « je savais que ça arriverait, hihi ! ». C’est assez énervant surtout quand le spectateur lui ne comprend rien… Elle apparaît comme la manipulatrice au-dessus de tout, ce que je trouve dérangeant dans un anime où tout est censé être inattendu, incalculable, décontenançant. On comprend progressivement qu’elle est plus une informatrice qu’une boss, et a des relations un peu partout, donc doit savoir tout ce que nous voulons savoir…

La section 3, nouvelle troupe de Misaki est une bande de joyeux lurons (dont un vieux pervers un peu crétin, une lesbienne nymphomane, woh) qui a hérité des découvertes du professeur Schroeder sur les contractants, la lumière machin-synchrotron et tout le trifouilli scientifico-surnaturel. Ladite lesbienne semble être un des seuls combattants capables de tenir tête à Hei : enfin un ; et bien qu’elle agisse aussi de manière pragmatique pour une cause précise (elle n’est que sous-fifre), elle apparaîtra intelligente et ouverte aux retournements de situation.

Scènes d’action toujours aussi bien menées. La Faucheuse Noire nous montre en quoi elle n’a pas usurpé son titre effroyable depuis la guerre en Amérique du Sud. On a des tas de contractants tous plus farfelus et psychopathes les uns que les autres.

Ok, je l’avoue, la scène de magical girl de Suou quand elle sort son sniper peut en rebuter plus d’un, personnellement je la trouve très charmante mais je comprends que ça ne plaise pas, d’autant plus qu’ils nous la collent presque à chaque fois. Pour ce qui est de son pouvoir je le trouve excellent, le sniper anti-char (qui porte un nom majestueux bien précis que j’ai majestueusement oublié) a vraiment de la classe, de plus elle doit en prendre soin comme une arme qu’elle trimbalerait partout avec elle (ça change du pouvoir classique genre eau, électricité, etc). Elle fait ainsi clairement référence à Pavlichenko, une snippeuse russe célèbre de la seconde guerre mondiale.

Encore une fois, ils nous gavent en musique d’extrême qualité. De nombreuses ‘insert songs’ délectables de styles bien variés, des générique sans défauts. Ne pas oublier de regarder la scène cachée post-ending (mais je vois mal comment on serait tenter de zapper cette merveille d’Abingdon Boys School, un des meilleurs groupes de la scène pop-rock nipponne).

La toute fin pourra vous sembler un peu bâclée, car on en comprend toujours aussi peu, ou plutôt de nouvelles questions s’ajoutent. Mais elle n’est qu’une invitation à se pencher sur les quelques OAVS de Gaiden. Darker than BLACK : Ryūsei no Gemini est loin d’être un remake de la première saison, un « on reprend les mêmes et on recommence ». Tout n’est qu’innovations, angles différents, pour apporter quelques clefs supplémentaires à la compréhension d’un univers décidément parfaitement construit.

Finalement, je resterai sur cette incompréhension que j’aimerais tant comprendre : comment, en ayant apprécié la première saison, pourrait-on rejeter celle-ci ? Je ne mettrai pas la note maximale, peut-être à cause du nombre d’épisodes, ou bien il me semble que j’ai du préférer l’ambiance noire au possible de la saison une. Ce sera donc un 9,5 sévère.

Verdict :9/10
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A propos de l'auteur

Izanami, inscrit depuis le 27/09/2010.
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