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The Tatami Galaxy – Japanese Gods

Publié le 12/05/2010 par dans Anime - 7 commentaires

J’ai un problème avec The Tatami Galaxy : le titre choisi par Kaze, son éditeur français. Certes c’est fidèle à l’esprit du titre original, Yojôhan Shinwa Taikei – même si on perd l’idée d’une chambre étudiante – mais je pense inévitablement à un petit poney de cristal à la crinière arc-en-ciel qui galope et saute au milieu des dauphins dès que je lis ce titre. Enfin il est très facile de se faire violence quand on voit qui sont derrière cette production diffusée sur l’archipel lors du fameux créneau horaire noitaminA.

Mind Game, Kemonozume, Kaiba, autant d’œuvres écrites en lettres d’or dans la filmographie impressionnante du génial créatif et réalisateur Masaaki YUASA. Aussi, dès qu’ils apprennent que le maître s’attelle de nouveau à la tablette graphique, les adorateurs s’assoient-ils de nouveau en cercle en attendant qu’on leur donne leur nouvelle drogue. Après deux productions originales, le réalisateur ne signe pas le concept original de ce cru 2010, The Tatami Galaxy est en effet une adaptation d’un roman de Tomihiko MORIMI. La question était de savoir si du coup la créativité de YUASA serait un peu bridée. Pour couper court au suspense, je répondrai par un tout petit oui : je ne retrouve pas dans The Tatami Galaxy la même géniale étincelle de ces précédentes œuvres. Il n’empêche que l’on a droit à un bijou d’imagination et de talent.

Toujours sous l’égide du studio Madhouse, Nobutaka ITO rempile une nouvelle fois pour porter la double casquette de directeur de l’animation et de chara-designer même s’il se conforme cette fois-ci au style original dessiné par Yūsuke NAKAMURA. La direction artistique est remise entre les mains expertes de Shinichi UEHARA (Beck, Kokoro in Aoi Bungaku Series) tandis qu’une nouvelle tête apparaît à la direction photographique. La compositrice Michiru OSHIMA (Fullmetal Alchemist, So-Ra-No-Wo-To) et le directeur du son Eriko KIMURA (Kekkaishi, Ponyo, Mobile Gundam Suit Unicorn) complète le tableau. Comme toujours avec les productions estampillées YUASA, le style de The Tatami Galaxy tranche une nouvelle fois avec ses œuvres précédentes. Contrairement à certains qu’on ne nommera pas et qui, une fois trouvé le filon, ne s’aventurent jamais au-delà, le protégé de Madhouse, s’il marque toujours de sa griffe bien reconnaissable ses travaux n’hésite pas à se réinventer. On garde les personnages aux corps disproportionnés mais exit le style crayonné de Kemonozume ou le monde tout en rondeur d’un Kaiba, The Tatami Galaxy choisit une approche presque psychédélique avec des couleurs saturées et un fort contraste entre les scènes de nuit, majoritaires et les quelques scènes de jour.

On retrouve cette même audace dans la narration choisie. Les dialogues sont à la fois verbeux et très rapides dans le même rythme. La trame même était une gageure pour sortir des ornières du déjà-vu. Le narrateur (dont on ignore le nom) est un étudiant de troisième année qui n’a jamais réussi à s’intégrer dans les différents groupes de la fac. Il n’a qu’un ami, un drôle de bonhomme à la mine sombre, Ozu, et peut-être une autre étudiante d’un an sa cadette, Akashi. Alors qu’il se lamente de ses années perdues en mangeant un bol de ramen dans un restaurant qui, selon la légende urbaine, utilise des chats comme ingrédients dans ses plats, il rencontre son voisin, Higuchi, qui dit être le dieu du temple voisin et lui propose de changer son destin. Le narrateur va avoir la possibilité de remonter le temps et choisir dans quel club il va participer. Cependant il ne garde pas la mémoire de ses précédentes boucles temporelles.

Voilà un genre de pitch qui ne brille pas spécialement par son originalité. Heureusement, The Tatami Galaxy peut compter sur sa galerie de personnages pour le moins atypiques. Que ce soient le narrateur presque extrême dans sa banalité (oui je sais cet oxymore n’a pas vraiment de sens mais il reflète bien le personnage), Ozu qui semble être vraiment l’incarnation d’un démon ou d’un dieu païen, Akashi qui ne fait pas non plus dans la demi-mesure, si froide et si distante et en même temps si émotive devant la terreur des papillons de nuits… Si on rajoute de plus ceux comme Jougasaki qui semblent persister d’une boucle temporelle sur l’autre et les autres à venir si on se fie sur l’opening toujours aussi sibyllin, il n’est pas exagéré de dire que les personnages portent la série sur leurs épaules. Comme YUASA et  MORIMI ne commettent pas l’erreur de bâtir des personnages stéréotypés, la formule est efficace mais ce n’est pas la seule arme qu’ils utilisent. L’absurde marque indéniablement de son empreinte The Tatami Glaxy. Et si chaque épisode développe un thème (la solitude, l’orgueil…) un fil rouge commence à se dessiner : l’inutilité du contexte général devant les traits de caractère et les quelques évènements a priori anodins mais finalement structurants. Cette hypothèse quelque peu pessimiste et en porte-à-faux avec la plupart de ce que la littérature nous a appris devient de plus en plus crédible. Mais je peux en même temps me planter dans les grandes largeurs. Inutile de préciser que j’attends chaque épisode avec une impatience non dissimulée et que je les dissèque à la loupe.

Si vous vivez en France, vous pouvez découvrir The Tatami Galaxy via le simulcast de son éditeur Kaze sur son site de vidéos à la demande KZPLay. Sans distribuer les bons et les mauvais points – on ignore quels sont les accords signés avec les ayant-droits nippons – pour le comparer l’offre de Kaze au simulcast que propose Dybex via la plateforme Dailymotion, les vidéos sont de meilleure qualité – quoique que ça reste du flash – meilleure même que pour Goyô diffusée également par Kaze. Il est probable qu’ils bénéficient de masters de qualité supérieure, on est proche ici d’une version DVD. La réactivité est rapide : les épisodes diffusés par Kaze sont disponibles seulement quelques heures après la diffusion japonaise. La traduction est de qualité, audacieuse même si je ne peux juger de la fidélité, et absente de la moindre coquille. J’aurai deux gros reproches quand même à faire : les sous-titres ne sont pas toujours lisibles (des contours sur les lettres seraient les bienvenues) sur des fonds clairs et surtout la présence honteuse du logo de KZPlay à chaque instant. Les chaînes japonaises mettent plutôt des logos transparents moins choquants dans l’image. Quand je pense qu’on reproche (avec raison) les teams de fansubs qui mettent leur nom en énorme, ils ont au moins la décence de se limiter à l’écran-titre.

Reste que je ne suis pas persuadé de la pertinence de la politique de Kaze. Ils ont choisi une plateforme propriétaire qui offre nécessairement moins de visibilité qu’un Dailymotion même si on peut comprendre qu’ils ont voulu avoir un outil qu’ils maîtrisent complètement. Mais l’obstacle majeur est bien celui du passage à la caisse. Kaze ne propose que du simulcast payant : 1 € pour la location pendant 48 H d’un épisode en streaming. Je trouve cette tarification excessive pour cette formule, ça pousse bien peu subtilement à opter plutôt pour un abonnement mensuel plus « rentable » avec un catalogue qui commence à s’étoffer. Je sais que sortir les chiffres de visionnages par épisode est fallacieux puisque The Tatami Galaxy n’est certainement pas une série grand public mais quand même, à 60 visionnages par épisode (et encore ça n’indique pas des spectateurs uniques), l’expérience donne plutôt tort à Kaze. D’un autre côté, l’obstacle du payant arrêtera beaucoup de personnes. Et peut-être que Kaze ne veut pas (alors qu’à mes yeux il devrait justement le faire) concurrencer trop fortement leurs sorties DVD/BR. La question n’est en tout cas pas simple et seuls eux possèdent les clés. Il faut en tout cas s’enthousiasmer de l’essor de ce genre d’initiative.

7 commentaires

Ouais, m'enfin Youjouhan, ça pète légèrement les fesses quand même, surtout l'épisode 3, et surtout si on compare à toute la médiocrité qui sort à côté. Alors c'est probablement pas meilleur que Mind Game, Happy Machine ou Kaiba pour l'instant, mais ça reste le top du top de 2010 :)
Raaaah, je veux trop voir ce truc. Kaze abuse avec sa location d'épisodes. Si encore ils louaient plusieurs épisodes ou que l'on pouvait les acheter carrément, je suis prêt à sortir la CB pour ce genre de série, mais là non, c'est abusé.

Ca m'énerve vraiment.
3 Afloplouf le 12/05/2010
Jacut >> Oui, on est bien d'accord, il se classe sans problème dans mon top 3. Disons que OoFuri part avec de l'avance, saison 2 oblige, pour la pôle position.

AngelMJ >> Fais comme moi, achètes des packs de crédit. Genre pour 22 € tu en as 30 soit autant d'épisodes, de quoi couvrir Tatami Galaxy et Goyô. Il n'empêche que oui c'est un peu cher.
Je suis désolé mais ce débit de paroles - autant parler de loghorrée - m'empêche d'apprécier tout le reste des qualités de la série.
Y a une solution pour ça ? Parce que ça a l'air assez trippant comme concept.
5 Afloplouf le 12/05/2010
Zayder >> KZPLay, le rythme des sous-titres est idéal, travail de professionnels. Et ouis tu peux regarder les épisodes plusieurs fois.
6 Vins le 14/05/2010
@Citation
Le compositeur Michiru OSHIMA

Plutôt la compositrice puisque c'est une femme. :p


Sinon, c'est l'anime typique dont je vais me dire que je regarderais un jour ... tout en me mentant à moi-même. :(
7 Afloplouf le 15/05/2010
Ah bordel, j'avais pourtant éviter le piège dans la présentation générale des séries de d'animation ce printemps. Merci de la correction. ;)

Vins, je comprends ce sentiment. The Tatami Galaxy - et les œuvres de YUASA en général - c'est un peu comme la série TV Mad Men : tout le monde en parle ou veut le voir et personne ne le fait tellement c'est atypique et au rythme narratif pas simple qui nous décroche complètement de nos habitudes.

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