Critique de l'anime Steins Gate

» par Cyann le
13 Février 2012
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Je suis passé dans le monde adulte... Ai-je la possibilité de revenir en arrière? Non... Comme tout bon adulescent je rêve avec nostalgie de ces temps d'insouciances que j'ai vécu étant enfant. Tout cela est finit à présent! Mais il m'arrive parfois de me retrouver comme un gamin après le visionnage d'une série qui aura su titiller ma mélancolie. A cet égard Steins:Gate (aussi appelé SG) m'a permis un petit bond dans le temps et m'a rappelé ces moments bénis, quand je jouais encore aux billes et qu'après un lancer raté, je souhaitais me transporter dans le temps. SG (à ne pas confondre avec Samurai Girl qui a la même abréviation), est de ces perles qui te baladent avec sérieux et qualité dans un univers mature, où le fantasmes de voyager dans le temps prend un aspect presque réaliste!

Steins;Gate est avant tout un Visual Novel (disons un roman interactif)! Quand on y pense les adaptations de VN ont souvent été plantées, ratées, massacrées (j'en veux pour preuve Fate/Stay Night)... S'il existe des adaptations réussie ici et là, on peut dire sans hésiter que Steins;Gate en fait partie. Et c'est les studios White Fox qui nous ont pondu ce petit chef-d’œuvre! Déjà à l'origine d'une autre série très réussie, à savoir Katanagatari, on peut dire sans hésiter qu'ils ont, ne serait-ce qu'avec deux œuvres, un capital fort et original, ainsi qu'un potentiel presque sans limite, au moins en ce qui concerne le genre du seinen! Mais point de confusion, cette série n'est pas seulement mise dans nos écrans par un studio, c'est bien sûr tous les créateurs qui ont contribués à la réalisation de cette série. Alors forcément le scénario était déjà écrit (et il s'agit là d'une grande partie du travail) mais comment ignorer la qualité de la réalisation menée avec brio par Hiroshi, à l'origine de Shigurui et Texhnolyze, deux magnifiques œuvres dans deux genres extrêmement différents, globalement applaudis par les connaisseurs! Chose assez rare s'il en est, une deuxième personne s'est joint à la réalisation et il s'agit de Takuya dont je ne connais aucune œuvre, excepté FSN) qu'il a réalisé (excusez l'inculture de votre humble serviteur).

Quand on a un background tel que celui-ci, on part déjà avec de bonnes bases... Mais ce n'est pas tout : l'attrait principal de la série s'était révélé être, pour moi qui ne connaissait pas le scénario à l'époque, le chara-design. Il y a en effet deux chara-designer, l'un est celui qui s'est occupé d'adapter le design des personnages à la série. L'autre est dit "original" car il a créé le design des personnages, il se nomme Huke, et est bien connu de la communauté geek, puisqu'il est l'auteur entre autre du très vénéré (la communauté otaku à ses raisons, que la raison elle-même ignore) Black Rock Shooter...

Ainsi, j'encense cette série depuis le début, mais je ne fais que vous montrer combien les dispositions de départ étaient bonnes. Parlons un peu de la bête à présent, car après tout c'est de ça dont il s'agit. Le pitch est plutôt convaincant, et ce dès l'introduction : Okabe Rintarou, imbécile heureux, et savant fou, s'est lancé au côté de Taru et Mayushi dans la création d'une machine à remonter le temps. Contre toute attente, cette dernière va marcher, et va l'entraîner dans un complot à l'origine duquel se trouve la SERN, organisation tentaculaire qui veut maîtriser le temps.

Ce fameux pitch de départ va évoluer de façon dantesque nous entraînant dans des retournements de situation réguliers, sans ne jamais s’essouffler, ni perdre un rythme qui se maintiendra de façon constante tout au long de la série. Sur fond de conspiration et de fantasmes enfantins que hurlera à perte de voix notre héros, se déroulera une histoire on ne peut plus sérieuse, très bien orchestrée, et minutieusement montée. C'est assez rare pour être noté : une série d'animation japonaise qui réussit le défi de se faire comprendre relativement facilement tout en évitant les grandes incohérences, c'est déjà un exploit. Mais de surcroît, si cet animé est un seinen et que le scénario de base consiste en des voyages dans le temps, je peux vous dire, qu'il s'agit d'un accomplissement aussi important que l’ascension de l'Himalaya!

Et pour cause, les animés de qualité partant dans tous les sens, sont légions! Souvent cela provoque l'échec d'une série qui aurait pu devenir mythique, très rarement cela provoque l'ultime réussite d'une série que l'on consacre comme chef-d’œuvre! Steins;Gate n'a pas pris trop de risques! Le délire est contrôlé, l'histoire est maîtrisée, et on ne part pas dans toutes les directions. On a un commencement énigmatique et une fin claire qui sait habilement conserver certains mystères! On touche d'ailleurs à une subtilité ici : conserver un minimum d'énigmes et de questions à la fin d'une série n'est jamais aisé, et souvent on tombe dans l’écueil de la queue de poisson (sans obscénités). Steins;Gate réussit à nous maintenir intéressé dans sa conclusion et même après, encourageant la discussion entre les fans, et donc la vie de l'animé après sa mort temporaire signée par le mot "fin". Il réussit cela sans nous mettre dans l'embarras d'avoir de trop nombreuses questions fondamentales non-résolues.

La qualité principale de Steins;Gate se situe donc dans un scénario complexe et intriguant, et une réalisation claire. Les bonnes choses sont souvent les plus simples. Ici, c'est la simplicité d'une réalisation maîtrisée et d’un scénario inventif qui font de cette série, une œuvre culte.

La psychologie des personnages est également bien gérée. Profonde et plus complexe qu'il n'y paraît, chaque histoire personnelle est bien exploitée, ni trop, ni pas assez. On a suffisamment d'élément pour rentrer dans l'univers et en percevoir la complexité. Car encore une fois, si le secret est une narration simple qui ne s'emmêle pas les pinceaux, la complexité, lorsque l'on entre en contact avec des œuvres seinen, ne peut être évitée. Rien n'est simple, ni les événements relatifs à chaque personne, ni l'impact que ces derniers ont sur elle. Malgré tout, il est assez étonnant de voir le développement de caractères très clichés : la bécasse, la tsundere, la beauté mutique, le gros geek... Et pourtant, en dépit du choix de se baser sur des stéréotypes de l'animation japonaise, on parvient à être convaincu par l'individualité de chaque personnage. C'est plaisant et c'est intéressant. Si la complexité des personnes ne peut être évitée, celle des relations entre ces dernières, non plus. On esquive avec intelligence l'écueil du triangle amoureux, mais on fonce en plein dans le cliché de la timidité comme handicap relationnel. Ce n'est pas grave, car cela est montré avec intelligence et intensité. Deux nouvelles qualités qui s'ajoutent à la gestion déjà bonne des personnages.

Mention spéciale pour Okabe Rintarou! Il est la pièce maîtresse d’une série pourtant déjà bien étoffée. Sans lui cependant, force est d’admettre que l’aspect culte disparaitrait. Ce personnage dispose d'une force de caractère indéniable. Il nous entraîne dans son délire de NEET sans pour autant nous forcer la main. Si sa présence est un peu lourde au commencement, il suffit d'attendre que la série prenne forme pour voir apparaître les vrais tenants et aboutissants d'une personnalité qui ne verse jamais dans la simplicité. Okabe Rintarou c'est un peu un mythe à lui tout seul, sachant nous entraîner avec grâce dans ses frasques. C'est le héros des temps moderne, celui qui vous protège contre la folie de ce monde en devenant lui-même fou. Okabe Rintarou, c'est ce mec faible en apparence mais extrêmement fort et altruiste dans le fond. C'est l'icône de cette série et c'est le fer de lance des scénaristes. Mais comme je l'ai dit précédemment, les autres ne sont pas en reste. Qu'en serait-il d'Okabe Rintarou si son entourage n'était pas là pour renforcer sa stature et son charisme?

Je parle rarement des doublages, mais je crois qu'une autre mention spéciale se doit d'être attribuée. Ici ils sont parfaitement exécutés et l'on sent bien avec quel enthousiasme les acteurs-doubleurs se sont pris au jeu de l'aventure chronologique. Sans eux, la personnalité des différents personnages serait probablement moins profonde et donc moins intéressante. Pour continuer dans la veine de ce qui sonne et qui résonne, la musique est plutôt bonne sans jamais exceller au point de vouloir me faire réécouter la bande-son. Pour autant l'opening et l'ending sont parfaits et correspondent très bien à la dynamique de la série.

Les graphismes et le chara-design, pour conclure, sont beaucoup plus alléchants sur le papier et sur les affiches, qu'en pratique. Cependant, ils n'ont pas été bâclé, et le travail se révèle être très honnête. C'est beau mais ce n'est pas magnifique. L'environnement urbain est par ailleurs très bien représenté travaillant de concert avec une ambiance sonore bien rendue, créant une atmosphère très agréable et réaliste. Le chara-design est plutôt bon de son côté, mais encore une fois, rien de transcendant. Il est vrai qu'au regard de certaines productions qui valorisent la vulgarisation des faciès, Steins;Gate s'en sort particulièrement bien. Mais dans l'absolu, il ne s'agit pas d'une révolution. S'il suffisait cependant d'un chara-design exceptionnellement réussit pour faire une bonne série, ça se saurait et on en viendrait à ranger Black Rock Shooter au rang des séries excellentes (excusez l'oxymore, il est vrai que BRS et excellence, sonnent un peu comme un "soleil noir", ça n'a pas de sens)...

Pour conclure l'ensemble, je range facilement Steins;Gate au rang des séries à voir pour sa qualité peu habituelle et finalement sa grande maîtrise du scénario ainsi que de la narration. Encore une fois, il est suffisamment rare de voir ce genre de réussite pour ne pas s'en extasier. Il s'agit là d'une très bonne série qui ne réussit pas seulement par une belle technique de réalisation, mais également par un aspect artistique développé et qui est pourvu d'une recherche qui va au-delà du simple divertissement. Alors oui, Steins;Gate est aujourd'hui une série que l'on peut considérer comme classique. Mais malheureusement, il n'écopera pas du 10/10 tant au final, il manque un petit "je-ne-sais-quoi" pour faire de cette série, un véritable chef-d’œuvre du genre. Ne nous trompons pas cependant, nous en sommes très proche!

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Cyann, inscrit depuis le 28/07/2010.
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