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Epitanime 2013 – Chantons sous la pluie

Publié le 21/05/2013 par dans Chroniques - 4 commentaires

La célèbre convention EPITANIME, qui se tient traditionnellement dans les locaux de l’école d’informatique Epita tout près de Paris, s’est déroulée pour la vingt-et-unième fois du 17 au 19 mai 2013. Compte-rendu humide et passionné.

La convention qui ne dort jamais

Les présentations n’étant jamais superflues, rappelons que l’Epitanime est une convention assez ancienne (il s’agissait de la 21e édition), et qui a la réputation d’être plus intimiste et « hardcore » que les grand-messes consuméristes que sont les Japan Expo et autres Paris Manga. Elle tire son nom de l’école d’informatique Epita, située aux portes de Paris, où elle se déroule durant deux jours et deux nuits. Car la grande particularité de l’Epitanime est qu’il s’agit d’une convention nocturne, où l’on peut s’exploser la voix sur le karaoké géant ou mettre à l’épreuve son skill sur les bornes de jeu vidéo jusqu’à l’aube.

Les ingrédients habituels de ce genre de convention étaient réunis : Projection de dessins animés, cosplay, concerts, jeux vidéo d’hier et d’aujourd’hui, etc. Bien que relativement petit, l’espace accordé aux divers domaines était bien délimité et organisé. Le premier bâtiment, celui par lequel les visiteurs arrivent, se compose d’un rez-de-chaussée investi par les vendeurs professionnels de goodies, figurines et autres. Au deuxième étage, trois grandes salles dédiées au jeu vidéo, avec bornes d’arcade, consoles de toutes époques, écrans géants pour les tournois, et projecteurs pour les superplays. L’endroit n’a pas désempli et la variété comme la disponibilité des jeux fut un point très appréciable pour visiteurs un peu gamers.

A gauche, une partie de l’espace jeux vidéo ; à droite, le Manga Café.

Le second bâtiment situé en face du premier entoure une grande cour qui permet d’accéder aux diverses activités proposées par la convention. La cour elle-même fut investie par les stands des associations et des fanzines, tandis que les salles de cours adjacentes abritaient la cafétéria, les magasins de mangas et d’animes, les évènements associatifs, et une salle informatique réservée aux doujins games (jeux vidéo amateurs, généralement importés du Japon et introuvables dans le commerce).

Un passage permettait d’atteindre un vaste espace souterrain dans lequel se trouvait un restaurant japonais, un studio photo pour les cosplays et la scène principale. Le choix de déplacer cette dernière en sous-sol date d’il y a peu, et on sent encore un certain tâtonnement, la qualité sonore dans l’espace restant par exemple assez perfectible.

A gauche, la cour centrale ; à droite, le karaoké nocturne.

De retour en surface, une dernière porte donne sur le fameux amphithéâtre dans lequel se sont déroulées les projections, le karaoké géant et, point sur lequel on va s’attarder désormais, les conférences de l’invité spécial de cette année, Gen UROBUCHI.

Urobuchi Superstar

Gen UROBUCHI est un auteur-scénariste qui a fait carrière dans le milieu du Visual Novel, ces romans illustrés interactifs relativement répandus dans la communauté des joueurs PC japonais. L’Epitanime avait déjà reçu l’an dernier une personnalité de ce domaine avec Ryushiki07, auteur entre autres du Sanglot des Cigales (Higurashi No Naku Koro Ni). Toutefois, depuis quelques années le nom deUROBUCHI revient très souvent dans le milieu bien plus large de l’animation japonaise, et c’est en cela que sa venue nous a intéressés.

M. UROBUCHI a tenu deux conférences d’environ deux heures chacune, le samedi et le dimanche. Première surprise, il n’est pas venu seul ! Il était accompagné de M. Takaki KÔSAKA, son manager et également directeur de Nitro+, la société de production pour laquelle travaille UROBUCHI.

A gauche, M. KÔSAKA, directeur de Nitro+ ; à droite, Gen UROBUCHI (photos prises par Kisagi)

Seconde surprise, la conférence était retransmise en direct au Japon via le réseau Nico Nico Douga ; les internautes japonais ayant même pu poser eux aussi des questions. C’est d’ailleurs cette connexion qui semble avoir causé un retard de plus d’une demi-heure sur l’horaire prévu pour la conférence de samedi…

Une large partie de ces conférences a consisté à présenter la carrière de M. UROBUCHI. De romancier amateur, il devint auteur de VN lorsque fut fondée la société Nitro+ en 1999. Le succès était alors confidentiel jusqu’à ce que UROBUCHI publie Saya No Uta en 2003. Ce VN avait été conçu par son auteur comme un moyen de repousser les limites de l’horreur, et paradoxalement c’est cette œuvre qui rencontra le succès qui a permis au studio d’entrer ensuite dans le monde de l’animation.

Ainsi le tout premier VN de UROBUCHI, Phantom of Inferno, fut adapté en OAV puis en série télé sous le nom Phantom-Requiem for the Phantom. En 2008, il fut appelé pour participer au développement de sa première série originale, Blassreiter, par le célèbre animateur Ichirô ITANO. C’est d’ailleurs, confiera M. UROBUCHI, la passion de ce réalisateur qui le motiva à s’impliquer encore davantage dans le monde des animes, qu’il imaginait à l’époque très sérieux et affairiste.

En 2011, Aniplex fait appel à Urobuchi pour un projet d’anime original par le studio Shaft. Il s’agira de Puella Magi Madoka Magica, dont le succès retentissant fera connaître son nom au-delà de la sphère des passionnés de jeux PC et d’eroge nippons. La même année, c’est son roman Fate/Zero, fruit d’une collaboration avec le collectif Type-Moon, qui est adapté en série télé par le studio ufotable. Moins d’un an plus tard, UROBUCHI collabore à la création d’une série originale de Production IG, Psycho-Pass. Et actuellement est diffusé Suisei no Gargantia, issu d’un mélange entre un projet de Nitro+ et une idée originale du réalisateur Kazuya MURATA.

Même si la conférence était tournée vers le travail de UROBUCHI, le directeur KÔSAKA a montré via une vidéo promotionnelle que Nitro+ était composé d’une majorité de créatifs qui interviennent dans plusieurs domaines ; ainsi le studio dispose d’une équipe de designers, à laquelle on doit par exemple le mecha-design des robots de la série Valvrave The Liberator. Ajoutons que leur collaboration avec d’autres studios de VN tels que 5pb. a donné lieu à la série des « science novels » tels que Steins;Gate, lui aussi adapté en anime récemment.

MM. KÔSAKA et UROBUCHI entourant Stéphane, qui a animé et traduit la conférence.

S’en est suivi une séquence où des représentants de diverses communautés de fans ont présenté les œuvres marquantes de UROBUCHI et KÔSAKA, ne tarissant évidemment pas de superlatifs. Les intéressés répondaient alors en distillant des anecdotes de production ici et là. Cette partie était sans doute la moins intéressante et aurait gagnée à âtre raccourcie. Puis vint le moment attendu des questions-réponses du public. Si certaines questions très pointues ont laissé sur le côté ceux qui comme moi ne se sont pas trop intéressés au versant VN du travail de M. UROBUCHI, la majorité des interventions sont restées dans le domaine des animes. Notons à ce sujet que les questions du public présent étaient systématiquement reformulées par le staff, avant d’être traduites aux invités.

Concernant ses collaborations avec les réalisateurs d’animes, M. UROBUCHI utilisa une méthaphore gastronomique ; selon lui, le rôle d’un scénariste est similaire à celui qui fournit des ingrédients à un chef de restaurant qui les cuisinera. Son travail est donc de fournir les meilleurs ingrédients, là où le rôle du réalisateur est de répondre aux commandes des producteurs et du public.

« Si j’avais perçu personellement tout le chiffre d’affaires généré par Madoka, je roulerais en Ferrari aujourd’hui » (M. UROBUCHI)

M. UROBUCHI s’est également exprimé sur son écriture sombre, violente et provocatrice. Selon lui, l’héroïsme est une excuse pour justifier qu’un personnage puisse courir à sa propre destruction, enivré par son rêve. Il préfère une écriture dans laquelle les personnages recherchent des solutions dans un monde où l’espoir s’éteint. De même, lui et son manager disent se méfier des contes de fées dans lesquels l’histoire se termine toujours bien. Toutefois, M. UROBUCHI ne prétend pas vouloir faire passer de message dans ses travaux, se contentant de développer des thèmes (l’individu et l’organisation dans Psycho-Pass, l’entrée des jeunes adultes dans la société avec Suisei no Gargantia, par exemple).

Au niveau du style proprement dit, UROBUCHI n’a pas caché une fascination pour les armes à feu telles que magnifiées dans les western spaghetti de Sergio LEONE ou les films d’action hongkongais de John WOO. Il cita en référence le film Equilibrum de Kurt WIMMER, pour lequel il aura même écrit une fanfiction au début de sa carrière.

MM. UROBUCHI et KÔSAKA n’ont pas formulé de véritable critique marché actuel de la japanimation, ce qui est logique vu qu’ils en bénéficient à fond depuis plusieurs années. M. KÔSAKA s’est même dit admiratif en tant que producteur du succès de séries telles que Haruhi ou K-On! qui ont boosté le marché ces dernières années. Pour sa part, UROBUCHI a déclaré que les séries récentes qu’il a préférées étaient Gurren Lagann et Mawaru Penguindrum entre autres. Interrogé sur le nom de sa série d’animation favorite, il a répondu en chantant le générique de Votoms

Les conférences se sont terminées avec la remise de goodies très rares dédicacés par les deux invités. Ceux-ci sont toutefois réapparus plus tard sur la scène principale du sous-sol pour saluer le public qui n’avait pas assisté aux conférences ; ils n’ont d’ailleurs pas hésité à pousser la chansonnette lors du karaoké final.

A gauche, M. UROBUCHI en dédicace ; à droite, le karaoké final.

S’il est évident que la conférence du dimanche était plus intéressante et plus dense que celle du samedi, l’ensemble m’a paru assez bien organisé et préparé. Surtout, les invités se sont pris au jeu de la proximité avec le public, ce qui est tout à fait dans l’esprit de la convention.

Le choix même des invités était plutôt pertinent, car même sans être un admirateur hardcore de UROBUCHI je ne peux nier qu’il s’agit d’un nom incontournable de ces dernières années dans le milieu de la japanime ; et le public présent aux conférences était à ce titre tout à fait au courant de son travail aussi bien dans le domaine des animes que des VN. Cela a permis des échanges pointus et généralement pertinents avec le public, lequel a réagi au quart de tour aux nombreux mots d’humour des invités.

Le mot de la fin

Pour terminer sur la convention en général, notons tout de même qu’en dehors de M. UROBUCHI l’autre invitée spéciale de l’évènement était la pluie, qui s’est imposée durant tout le week-end. Dommage sachant que les déplacements entre les différents bâtiments s’effectuaient en plein air. Pour le reste, ne m’étant personnellement intéressé qu’aux conférences japanimation et aux jeux vidéo, j’ai trouvé ces deux pôles très réussis ; le cosplay était présent en quantité et j’ai reçu de bons échos du traditionnel karaoké géant. Du tout bon donc semble-t-il.

Il ne s’agissait que de ma deuxième Epitanime mais j’en ressors très satisfait ; tout n’était pas parfait mais la somme des bons moments, surtout ceux passés en compagnie des membres d’AK, dépasse de très loin les soucis logistiques et météorologiques. Peut-être vous y verrais-je lors d’une prochaine édition, et dans ce cas je vous dis à bientôt…

PS : Les yakisoba c’est trop bon.

 

Je tiens à remercier Red Slaughterer, Down, Yuki Usagi et Kisagi, sans lequels ce week-end aurait été bien différent.

Les photos illustrant cette page sont fournies par le staff de la convention, et leur appartiennent.

4 commentaires

1 Zankaze le 21/05/2013
Bel article. Suite à la pub de ceux qui y vont, je commence à songer à aller là-bas plutôt qu'à la JE la prochaine fois que je monterais sur Paris. Ça a l'air effectivement plus sympa "intimiste et hardcore".

2 D.Star le 21/05/2013
Le contenu de ce retour m'a fait très envie (les photos proposées, le manga-café, les stands et la conference avec messieurs Urobuchi et Kôsaka). Un bel article que je trouve très bien tourné en plus d'être instructif. Du coup, même de loin et sans avoir pu y être, j'ai l'impression d'avoir pu me faire une assez bonne idée des conditions ainsi que de la qualité de cette 21ème Epitanime. ~ (C'est cool).

Merci à vous. :)
3 kisagi le 21/05/2013
J'espère que vous avez appréciez les photos de Urobuchi-san et de Kôsaka-san que j'ai prises.
4 Red Slaughterer le 22/05/2013
Tu brodes pas mal sur ce qui a été dit, quand même.

Je me souviens pas avoir entendu Urobuchi parler d'écriture à thèmes, je me souviens qu'il disait ne pas s'exprimer à travers ses personnages (à l'exception du cas d'Akane dans la seconde partie de Psycho-Pass) et qu'habituellement, il cherche plutôt à créer du divertissement.

Pareil pour cette histoire de cuisine. C'était pas une question d'être à l’abri des producteurs et du public (puisqu'il ne l'est pas, c'est bien un producteur d'Aniplex qui a demandé à mettre les magical girl de Madoka selon lui) mais juste que son travail est un travail de pré-production. Ce qu'il voulait dire, c'est qu'il fournit des ingrédients et que le réalisateur cuisine un véritable plat là-dessus. Si mes souvenirs me trompent pas, il a répondu ça quand on lui a posé la question de sa relation avec Shinbo pendant la réalisation de Madoka.

Personnellement, j'ai trouvé assez intéressante le moment Kôsaka a dit qu'il faisait du VN parce que c'était plus proche de l'animation qu'il voulait faire à cette époque, qui était faite avec beaucoup de contraintes et peu de moyens. C'est vraiment amusant de voir un discours pareil de la bouche d'un directeur de studio de VN, alors qu'à l'opposé, une partie de ceux qui jouent à ces VN iraient taxer les dinosaures méchaphiles de vieux cons élitistes s'ils essayaient de tenir ce propos.

Maintenant, j'attends surtout les retranscriptions de l'interview. Parce que cette histoire d'héroïsme était assez flou. Je pense qu'il y avait surtout l'idée du héros qui va préférer se sacrifier au nom de l'héroïsme plutôt que "d'espérer" (fait un peu faire attention avec ce mot, il a une connotation en Français (et d'autres langue européenne) qui est très religieuse, ce qui doit pas être le cas du terme japonais). Le problème, c'est que tout ça ne va certainement pas réussir à s'appliquer sur la plupart de ses travaux. A commencer par le fait qu'il n'y ait aucun moyen de savoir si tous les personnages de Madoka étaient effectivement tous féminins à l'origine.

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