Your Lie In April fait partie de ces Animes qui ne payent pas de mine au premier abord, pour ne pas dire qu'ils n'ont carrément rien pour attirer les adultes que nous sommes. Des teintes pastelles, principalement axées autour du vert / bleu / rose / jaune. Des collégiens sympathiques et somme toute un peu lambda. Un chara-design lui aussi des plus sobre, qui ne déborde pas de costumes exubérants ou de cheveux colorés à outrance. Une quête initiatique qui ne s'affuble d'aucune technique secrète exécutable uniquement sous peine d'avoir ingéré un fruit louche ou d'avoir à composer quarante-sept signes en dix-huit secondes avec les doigts. Et malgré le fait que l'on sait pas trop où l'on est (cette quête fait penser au Shônen, cette ambiance à un Shôjo policé et certains aspects mentaux à un dilemme psychologique nettement plus adulte...), on comprend très vite l'essentiel du propos. Certes, il faut savoir lire un poil entre les lignes mais tout de même, le tout est plus qu'explicite...
J'aurais rarement trouvé un Anime aussi violent. Bien évidemment, il ne l'est pas au sens propre et vous ne verrez ici ni sang, ni coup de tatane dans le vide, ni effusions de zombies décharnés sortis des égouts les plus proches. Tout cela est bien plus pernicieux, puisque dans Your Lie In April, tout est une histoire d'émotion. Violence des gens, violence du mensonge, violence du décès, violence de la solitude. Tout ceci est camouflé mais croyez-moi, ça ne déconne carrément pas et on se surprend à retenir ses larmichettes un nombre de fois conséquent. Par respect pour l’œuvre et surtout pour ceux qui aimeraient la découvrir, je ne citerais aucune scène représentative mais sachez que la série prend un malin plaisir à en glisser un nombre plus que correct et ce point est d'ailleurs très bien réparti sur toute la longueur de l'intrigue.
Le héros (Kosei) se tire progressivement vers le haut, non sans subir un choc sentimental à chaque pallier. Alors qu'il semble au départ détester tout ce qui sort un tantinet de sa vie, il deviendra au fur et mesure plus mature, plus courageux, plus adulte. D'ailleurs, il est surprenant de voir à quel point cet série à l'esthétique presque enfantine cache une maturité d'écriture dès plus travaillée. Je ne sais pas si vous avez déjà été amoureux mais on voit bel et bien «la vie en couleurs» et c'est ce genre de détails qui font de cette œuvre un passage à mon sens obligatoire de l'animation japonais récente. Une qualité d'écriture également couplée à celle de l'animation visuelle - sobre mais sincèrement réfléchie dans chaque plans - et de la musique, oscillant entre pièces classiques (logique, vu la teneur du synopsis) et dérives Post-Rock des plus appréciables.
On parle ici musique comme on parlerait d'un déchirement passionnel, torturé et paradoxalement jouissif. Chaque personnage (même les plus anecdotiques) possède son propre caractère qui ne ressemble à aucun autre, ce qui permet à cette série de se renouveler dans ses discours et dans ses thématiques sans pour autant opérer un virage maladroit à 180° en plein milieu de sa lancée. C'est cet aspect si particulier de collisions répétées entre le beau et le dur, le tragique et la joie qui fait de Your Lie In April une série intrigante. On retrouve ici tous les ingrédients d'un bon Teen-Movie, oscillant entre déprimes adolescentes, coups de foudre immédiats et errances sur ce ponton entre vie d'adulte et vie d'enfant. On notera également les scènes «dépassement de soi», presque construites comme des orgasmes où le plaisir monte, avant de mourir sottement et de plonger son créateur dans un coma de noir et de blanc. Oui, comme les touches d'un piano.
A mi-chemin entre le désespoir (Kosei semble parfois détester tout ce qui se trouve en dehors de la pièce où il est...), la contemplation de moments de pureté absolue (tout ce qui a trait au paysages et à la profondeur musicale) et quelques instants de fraternité amicale (les quelques scénettes comiques disséminées dans toute la série), Your Lie In April se pare d'une atmosphère hautement recommandable pour quiconque aime réfléchir tout en suivant des jeunes héros dans leurs aventures quotidiennes mais pas vraiment banales. «Une série qu'elle est bien», comme dirait l'autre et qui semble tout aussi intéressante dans sa version papier que je commence à débroussailler au son de Direwolves, Birds in Row ou autres No Omega. Selon Your Lie In April, il semblerait qu'on ne vive qu'une fois, alors autant y prêter de l'attention...