Un arc trop fidèle pour un anime ?

» Critique de l'anime Fate Stay Night par Oceuss le
20 Décembre 2014

Critique datée ne reflétant plus forcément mon opinion

Petite précision d’avant-propos : il est possible de commencer par Zero ou Stay Night dans l’ordre que l’on veut, les explications données par le scénario permettent de comprendre au moins ce qu’il se passe dans les deux cas.

Fan de la licence Fate que je suis, je me sentais obligé de faire une critique du tout premier anime. Plutôt connu, il a essuyé de nombreuses critiques en tous genres : certains le voient comme une bouse shonenesque avec un peusdo scénario mythologie construit sur du vent, d’autres comme un chef d’œuvre que ce soit au niveau des personnages ou du scénario.

Pour ma part, il est moyen. Mais avant de développer mon propos je voudrai parler du support de base : le visual novel de Fate/stay night.

Qu’est-ce qu’un visual novel ? C’est un type de jeu vidéo très populaire au Japon qui fonctionne comme un roman interactif. On enchaîne des successions de tableaux avec images à plans fixes tandis que défile du texte à l’écran, narré par le personnage principal et à la première personne, avec quelques musiques et effets sonores en fond pour animer le tout. Quelques choix sont possibles durant le scénario, amenant à des constructions et des fins différentes. Je tiens à préciser que Fate est un visual novel, et pas un eroge comme j’ai pu le lire : un eroge est un visual novel qui a pour but d’amener à du hentaï. Si il y a effectivement quelques scènes de sexe dans le visual novel qui ne sont pas montrés ouvertement, elles font plus cas de figure secondaire dans le scénario et apportent une certaine logique (et elles ne sont pas dans l’anime d’ailleurs, c’est censuré d’une façon… qui reste érotique mais étrangement louche et incohérente).

Le visual novel de FSN disposait de trois arcs, l’arc Fate, l’arc Unlimited Blades Works (dont je parlerai lorsque l’anime de 2014 sera terminé), et l’arc Heaven’s Feel (dont un film est censé sortir ultérieurement). L’arc adapté ici est l’arc Fate, centré sur une guerre classique et sur la relation entre Shirou et Saber.

Donc en partant de ce constat, on a un anime adapté d’un jeu vidéo. Inutile de vous dire que généralement les adaptations de jeux ne sont pas franchement terribles. Le support Visual Novel a tendance à être un peu mieux, mais ce n’est pas systématique non plus.

Parlons donc du scénario : la Guerre du Saint-Graal de la ville de Fuyuki recommence pour la cinquième fois. Cette guerre met en scène sept mages accompagnés de sept servants invoqués pour l’occasion : ces servants sont des héros mythologiques de tous horizons et de toutes légendes, qu’elles soient réelles ou non, et disposant d’armes et de pouvoirs directement ramenés de leur propre légende, les Noble Phantasm (traduits par Artéfacts généralement, je ne sais pas pourquoi mais passons). Divisés en sept classes chacune aux capacités bien distinctes, ces servants s’entretuent jusqu’à ce que l’un soit le dernier debout et ait chargé le Graal du pouvoir des autres servants afin de l’invoquer et d’accomplir un souhait. Ainsi, nous suivrons Emiya Shirou, mage de très bas niveau, adopté par un homme décédé et qui a vécu une catastrophe dans sa jeunesse, qui va se retrouver impliqué sans le vouloir dans cette guerre.

Le synopsis dit comme ça ressemble un peu à une sorte de grand beat them all sans trop de queue ni tête et avec des objectifs flous pour une pseudo justification vaseuse afin de mettre des combats qui rythmeront cet anime. Et il faut admettre que certes, l’anime donne cette illusion. En vérité, si l’on prend le temps de découvrir l’univers de Fate en général, on découvre qu’il est relativement intéressant et plutôt bien construit (notamment grâce aux trois arcs du Visual Novel et les autres extensions de l’univers). Le premier problème ici, c’est que comme l’arc est trop fidèle, on ne va suivre que le tracement du Visual Novel et de son premier arc, et se contenter des explications données au personnage principal Emiya Shirou, souvent par son acolyte, Rin Tohsaka. C’est bien cela qui fait que le spectateur aura l’impression de suivre un énième anime de tournoi absolument cliché dans son propos, on a trop peu de précisions. On ne saura pas quelles sont les conséquences des autres guerres, la nature et le but de certains des protagonistes, ce qui a amené au fait que cette guerre soit exceptionnelle et le fonctionnement précis de certaines règles. Je ne peux rien dire sans spoil, mais vous êtes libres d’éplucher le Wiki de type-moon si cela vous intéresse.

D’ailleurs, en parlant d’Emiya Shirou… Parlons personnages, je vais tenter de faire une liste assez complète en résumant :

-Emiya Shirou est un personnage qui en soit n’est pas inintéressant. Certes il se comporte comme un héros de shonen classique, mais c’est son histoire personnelle qui est relativement réaliste qui amène à cette conclusion, ce qui fait qu’il est bien construit. Mais là, contrairement au Visual Novel, nous ne sommes pas dans sa tête : nous n’avons pas de précisions claires et concises à part deux-trois plaintes de sa part ou un entêtement qui parait absolument idiot remit en question par la totalité des autres personnages sans que ce dernier ait à un seul moment l’initiative de bien y réfléchir. Bref, il fera office de gêne pour Saber car il n’est pas capable de l’alimenter convenablement en mana, et en ne cessant jamais de lui dire non à chacune des stratégies qu’elle proposera. Et en plus il se met vraiment en danger tout le temps, alors qu'il fera relativement peu souvent office de héros à proprement parler.

-Saber, alias Arthuria (Altria en VO) Pendragon est le roi Arthur version femme. Bon, le fait qu’elle soit une femme ne me gène pas particulièrement, ça peut se tenir. Servante de Shirou, elle est globalement charismatique. Une femme forte et honorable, qui ne plie pas et suit sa propre voie. Cependant quasiment tout le long de l’intrigue elle sera limitée dans ses capacités car son Master sera incapable de lui fournir le mana nécessaire à sa régénération et à l’utilisation de ses capacités. Bref, elle se fait malmener une bonne partie de l’anime et en plus elle se prend des vents de la part de Shirou (dont paradoxalement elle finira par tomber amoureuse). Son ancienne histoire sera très peu abordée (faudra voir Zero pour cela).

-Rin Tohsaka, master d’archer, servira de guide à Shirou tout le long, lui apprenant comment marche la guerre. L’histoire de Rin sera très peu abordée elle aussi malgré sa présence importante. En fait elle aura un rôle relativement secondaire, elle sera plus un soutient qu’autre chose.

Les autres personnages seront… Relativement peu présents. Cet arc à tendance à les faire apparaitre, les faire disparaitre, et les faire revenir une fois pour les tuer, avec des apparitions courtes. C’est dommage parce que dans les héros mis en scène il y a tout de même Heraclès, Cúchulainn, Archer, Méduse, Médée et Sasaki Kôjiro. Le plus grand héros de la mythologie grecque, de la mythologie celtique irlandaise, le second plus grand samouraï de tous les temps, et deux protagonistes grecs connus. Manque de pot, ils seront mal représentés dans cet arc. Les masters suivront le même chemin mais comme en plus eux n'ont pas d'existence propre dans la "vraie" Histoire, on aura vite tendance à les oublier.

En fait, cela découle d’un gros problème, et si vous avez lu le titre, vous savez de quoi je parle. L’anime est trop fidèle et cela emmène un souci de rythme. Les combats sont quasiment identiques à ceux du Visual Novel. Alors certes, c’est fidèle. Seulement une description à l’écrit d’un combat et sa représentation d’une manière dynamique, c’est différent. Si sur le Visual Novel il faut bien dix minutes pour lire certains combats, sur l’anime il faudra trois-quatre minutes pour les résumer sommairement, mais en plus il y aura beaucoup de blabla et de plans fixes. C’est une expérience étrange, à la fois trop longue et trop courte. Et à l’inverse, le blabla hors combat est loooong. Mais loooong. Vraiment.

A côté de ça l’animation et le dessin sont corrects, et à part une seule, je n’ai retenu aucune musique de l’anime spécialement intéressante. L’ambiance est tout de même bien là, un ton de fantastique mêlé à de l’occulte, quand bien même des teintes un peu plus sombres auraient été préférables.

Bon, là, vous vous dites que c’est juste nul. Non, ça reste correct. Ça se regarde, ce n’est pas spécialement moche ni beau, la VF est potable, les opening corrects aussi, certains protagonistes bien que trop absent ont le mérite d’être plutôt sympas, les Nobles Phantasm sont très biens pensés…

Au final, c’est un anime plutôt moyen, trop fidèle à un arc moyen, en deçà des autres. Au fond c’est plus une erreur de fidélité et de manque de prises de risques, mais c’est vrai que pour le reste de la licence, il fallait peut-être en arriver là afin d'éviter que les suites et les autres arcs ne traînent aussi (quoique Zero et UBW m'ont pas donné cette impression alors qu'ils développaient leur propos aussi).

Par contre il y a un truc que je ne pardonne pas et qui aurait dû être selon moi dans l’anime même si le combat était absent du Visual Novel, la scène entière de l’Unlimited Blade Works. Vous verrez bien si vous regardez, mais j’ai été réellement frustré qu’ils n’aient pas pensé à l'exploiter.

Du coup Stay Night, ça donne un 12/20 pour moi.

Les plus :
-Personnages sympas
-Univers bien construit si on s’y intéresse
-Pouvoirs originaux
-Ambiance sympa

Les moins :
-Protagoniste principal chiant parce que mal amené
-Trop peu de développement sur de nombreux points
-Trop fidèle au support de base
-Combat pas assez explosif

Verdict :6/10
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A propos de l'auteur

Oceuss, inscrit depuis le 26/06/2014.
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