Critique de l'anime Neon Genesis Evangelion

Une poignée d'adolescents aux commandes de géants doivent sauver le monde. Cette accroche poussive est assez caractéristique d'un genre prolifique, le mecha. Loin d'en faire une analyse on peut cependant en énumérer certains codes : des combats réguliers offrant un patron aux épisodes, un héros adolescent délaissé par ses géniteurs et un mecha dont la puissance est proportionnelle à la volonté de son pilote.

Bien qu'une certaine créativité rende chaque combat assez original, le caractère répétitif de ceux-ci ne pourrait élever cette série plus haut qu'une succession de mises en scène n'ayant d'autres finalités qu'elles mêmes. Le fait que le schéma d'un épisode ne semble plus devoir évoluer, l'ignorance des réels buts des anges et le gigantisme de certains combats inhibent toute attente du spectateur.

Les combats se succèdent et cette sorte de violence gargantuesque propre aux mechas se mue bientôt en une représentation plus abstraite. En orbite géostationnaire, un ange pénètre l'esprit d'une pilote, incapable de riposter, celle-ci ne peut empêcher que l'étalage de son ego, mer d'envie et d'auto-satisfaction, ne l'écrase. Prenant place dans un cadre inchangé, ces mutations en paraissent transcendées. La conservation des repères narratifs permet ici une forme d'expression d'une pureté et d'une profondeur incomparable à une narration sans contraintes ni voies balisées. Des volontés aux peurs des protagonistes, tout est alors appréhendé de sorte qu'aucun artifice n'est plus nécessaire, qu'un sens nouveau, multiple habille la succession des scènes.

D'une force extraordinaire, evangelion suscite l'émotion plus que la compréhension. Le scénario n'est plus rien, le schéma répétitif des épisodes et la conclusion de cette série rendent sa nature secondaire, invisible.